LE MAGAZINE DE

Logo

Cliquez sur le logo pour retourner au site de Voile Abordable

45 jours de mer et escales

Accueil Remonter

 

45 jours de mer et escales :
UN JOURNAL DE BORD
(26 décembre 2006 au 5 février 2007)
par Jean Fortin

Île 1 : Martinique

26 décembre 2006

Départ de Québec sur le vol de Maestro – arrivée 12h20 – récupération des bagages – taxi jusqu'à l`hôtel – piscine et descente en ville

27 décembre 2006

Lever 7h00 – sur la terrasse, très bon petit déjeuner: fruits locaux, bacon, oeufs brouillés, croissants etc.– descente vers la ville où on redécouvre le marché de Fort-de-France et la potion du bois bandé – transfert par bus vers Le Marin – arrivée 12h30 – Zoé, notre Lagoon 380, n'est pas prête, il faudra attendre 18h00 – on nous apprend de plus que le Jeanneau Sun Odyssey 49 que nous avions réservé ne sera pas disponible en temps utile à cause d'un bris mécanique (de l'eau de mer dans les cylindres, lors du convoyage à travers l'Atlantique) – on fait le marché chez Annette (Champion) et on transporte le tout sur Zoé, après une course folle de Denis et moi par crainte que nos bagages aient été enfermés à clef sur la véranda de Star Voyage, dont la réceptionniste nous avait bien prévenu qu'elle quittait à 16h00 – heureusement, tout est demeuré accessible et on embarque nos bagages et le marché, toujours avec la même impression, chaque fois démentie, qu'on ne trouvera jamais assez de place pour loger à bord toute cette bouffe et ces (innombrables) bouteilles de vin - souper à bord d'un spaghetti préparé en vitesse par le capitaine...

Île 2 : Sainte-Lucie

28 décembre 2006
Distance parcourue : 25 mn – distance totale: 25 mn

Dans la rade du Marin, à bord de Zoé – On attend le représentant de Star Voyage pour l'inventaire et la prise en charge du bateau – on attend … on attend – de notre côté, tout est prêt – il arrive finalement vers 11h45 et ça se fait en vitesse – départ 12h30 direction Rodney Bay – vent nord-est, 22-24 nœuds - grand largue, grand voile un ris et génois également arisé plus moteurs, question de ne pas traîner en cette première journée de mer – les poissons volants sont au rendez-vous: quel extraordinaire exploit de la nature, l'équivalent de mettre des ailes à nos sous-marins – ensoleillé et petits grains – arrivée 16h10 – mouillage dans la partie nord de la Baie sous pavillon de quarantaine – premiers bains à l'eau de mer pour les équipiers - 5 à 7 du capitaine – pour cette fois, on ne reçoit pas la visite de vendeurs itinérants - je prépare mes escalopes avec spaghettis à la sauce tomate – succès garanti – coucher vers 21h00, sans remord ni scrupule.

Île 3 : Bequia

29 décembre 2006
Distance parcourue : 65 mn – distance totale: 90 mn

Au mouillage à Rodney Bay, Sainte-Lucie – lever 6h30 – départ 7h30 car la route sera longue jusqu'à Bequia – grand-voile et moteur sous le vent de Sainte-Lucie – puis passage du canal entre Sainte-Lucie et Saint-Vincent – cheminement pénible sous Saint-Vincent puis cavale à nouveau jusqu'à Bequia – arrivée 17h30 sous les saluts d'un coucher de soleil rougeoyant – l'équipage s'organise selon les aptitudes et goûts de chacun: Nathalie et Anne-Marie feront les soupers, Suzy, les déjeuners, Jeff et Denis la vaisselle, Denis et moi les manœuvres et la navigation, Lison aidera sur le pont et dans la cuisine, avec des variantes occasionnelles, comme Denis au déjeuner et Lison prenant charge du souper

30 décembre 2006

Au mouillage dans la rade d'Admiralty Bay, Bequia - lever 7h00 et bain de mer pour le capitaine – petit déjeuner avant visite à terre pour le pèlerinage obligatoire à l'édifice des douanes où la file s'avère relativement longue – taxes de bienvenu de quelques 90$US pour les 7 membres d'équipage (parmi les plus dispendieuses) – courte visite de ce village bien connu de tous à bord, sauf Jean-François et Anne-Marie, qui partent en exploration – visite à l'Internet café - on achète des queues de langouste pour le souper – puis Jean-François et moi prenons les arrangement pour une plongée avec bouteille, effectuée dans l'après-midi (ma 7ième plongée) sur la pointe Nord-Ouest de la Baie – plongée avec un masque à demi plein d'eau comme d'habitude – j'aurai appris également à interpréter correctement l'indication "SLOW" sur l'ordinateur de plongée (je suis remonté trop vite, mais sans effet négatif vérifiable, heureusement) – retour au bateau – plein d'eau et de fuel à partir du cata de service - lecture pour tous (je poursuis la lecture des aventures du capitaine Jack Aubrey) – souper de langoustes préparé par Nathalie -

31 décembre 2006
Distance parcourue: 25 mn – distance totale: 115 mn

Au mouillage dans la rade d'Admiralty Bay, Bequia – lever 7h00 et bain de mer pour le capitaine – c'est rapidement décidé, on décolle pour les Tobago Cays où on compte fêter la nouvelle année – On hisse grand-voile et génois comme des pros au vent de Pen Duick VI, dont les équipiers nous saluent, ou saluent notre énorme fleurdelisé – direction West Cay à la pointe ouest de Bequia puis virage au 205° M vers Canouan et Mayreau – vent de travers 22-24 noeuds - arrivée au Catholic Island vers 12h30 – puis virage à gauche en direction de Petit Rameau au 135°M – passage entre Petit Rameau, Petit Bateau et Baradal – mouillage à une encablure dans le sud-ouest de Baradal par 2m de fonds turquoises – Jean-François, comblé, est le premier à se lancer à l'eau avec palmes, masque et tuba – vent 20-22 dans l'est – quelques cumulus et un soleil pinçant – 5 à 7 du capitaine – souper de magnifiques langoustes achetées sur place - petit repos pour la plupart avant réveil vers 23h45 pour la fête du Nouvel An, arrosée de champagne – gros party (voir photos) – dodo brumeux.

Les Tobago Cays vues de l'espace

Île 4 : Baradal

1er janvier 2007

Au mouillage dans les Tobago Cays – lever avec quelques efforts vers 8h00 – plongée en apnée sur la barrière, sans rien voir de très intéressant – dans l'après-midi, on y retourne Jean-François, Lison et moi, sur le récif au nord-ouest de Baradal – quelques poissons mais des coraux dégradés – Jean-François affirme que c'était beaucoup mieux sur la barrière au sud de notre mouillage et je n'ai pas de peine à le croire – on débarque sur Baradal pour une courte visite: la partie sablonneuse de l'île me semble avoir rapetissée depuis ma venue il y a deux ans – retour, hors-bord arrêté, en remorque derrière l'annexe d'Italiens qui se marrent: valve d'essence ou bouchon équilibrage pression resté fermé probablement, car le lendemain, tout rentre dans l'ordre (le pied marin ne se retrouve pas du jour au lendemain) – fin de journée des gens heureux – le même soir, on réécoute sur mon ordi le film Master & Commander que Jeff n'a jamais eu l'occasion de voir – les quatre filles, quant à elles, s'en vont coucher sans insister: une soirée de gars, dirait-on – une chance pour elles qu'on n'ait pas apporté les parties de hockey du Canadien...

Île 5 : Union

2 janvier 2007
Distance parcourue: 5 mn – distance totale: 120 mn

Au mouillage dans les Tobago Cays – aujourd'hui, on bouge à nouveau – c'est beau les Tobago mais il n'y a pas que ça – petit déjeuner – on rentre l'annexe, on lève l'ancre et on sort par le passage sud-ouest entre Petit Bateau et Jamesby sous un vent est de 24-26 nœuds – bon clapot de 2-3 mètres à la sortie – direction Chatam Bay à l'ouest d'Union par le South Mayreau Channel – mouillage vers 11h00 par 3 mètres au nord-ouest de Chatam Bay qui conserve son charme d'un exotisme exquis – deux "canadians" à notre bâbord qui ne font pas beaucoup de vagues à la vue de notre fleurdelisé – j'ai le goût de bouger et je propose une marche vers Clifton Harbour – seule Lison finalement m'accompagne et on rejoint le village bien connu de nous deux par des routes en béton en moins d'une heure de marche – Internet, petit marché, et on revient en taxi, après que je me sois fait arnaquer en échange d'une poignée de légumes et de fruits (plus de 20$US) – la descente vers le bateau avec les fruits, légumes et glaçons sur les bras et le soleil en plein dans le front est exigeante et on est bien contents d'arriver à la plage, où Denis vient nous cueillir instanter – souper sur la plage sous la supervision de Shark Attack – choix de langouste, red snapper et poulet, en compagnie d'autres équipages, dont une jolie blonde, voisine de Lison, domiciliée à Londres et journaliste à la BBC – retour au bateau à 7 dans le Zodiac surchargé par nuit noire bien qu'étoilée – le bonheur de la navigation aux Antilles – dodo du juste pour chacun de nous.

Île 6 : Canouan

3 janvier 2007
Distance parcourue: 10 mn – distance totale: 130 mn

Au mouillage dans Chatam Bay, Union – J'aimerais bien y rester mais l'équipage a la bougeotte et nous décidons de remonter vers le nord, oubliant le projet de virée vers la Grenade, histoire de conserver des options – dérapage vers 10h30 – grand-voile 2 ris et génois arisé: on est prêt à tout, car malgré l'abri de la montagne, on s'attend bien à ce que ça souffle dehors – et comme de fait ça souffle drôlement, jusqu'à 28 apparent – on remonte voile et moteurs en tirant des petits bords, et passant dans l'ouest de Catholic Island – sous cette allure, avec des vagues croisées, le catamaran n'est pas vraiment confortable, avec des à-coups en tangage brusques quoique sans amplitude – après une heure et demie de cette route cahoteuse, on finit par atterrir à Canouan, dans la baie de Charlestown, dite Grand Bay - où on prend un corps mort à moins de 200 pieds dans le nord-est du quai – je reconduis Jean-François, Anne-Marie et Nathalie à terre, alors que le reste de l'équipage reste à poste – dans l'après-midi, pendant que l'on prend tous nos aises sur ce mouillage, un voilier de plus de 50 pieds, sous grand-voile un ris, et le moteur apparemment désembrayé, sans crier gare, percute un super joli voilier de compétition en aluminium, probablement un two-tonner, ancré à 100 pieds de nous – puis apparemment sans aviser, repart de plus belle un peu partout dans le mouillage pendant que notre voisin lui fait des signes non équivoques: pas moi, pas moi – finalement, ce voilier, de charter et dirigé par deux locaux avec des clients blancs dans le cockpit, reprend la mer sans demander son reste - on est soulagé mais on se demande ce qui peut arriver d'autre.

4 janvier 2007
Distance parcourue: 20 mn – distance totale: 150 mn

Au mouillage sur corps mort dans la Grand Bay de Canouan – la nuit s'est passée sans histoire et après un plein d'eau, on est prêt à repartir – on lève l'ancre vers 10h30, direction Admiralty Bay – Arrivée sans histoire à Admiralty – dédouanage et paiement de la surprime en raison du temps passé dans les Grenadines – Internet à nouveau – retour au bateau – et lecture pour les intellectuels du bord – personne ne parle d'aller à terre: décidément, on commence à être blasés.

Île 7 : Saint-Vincent

5 janvier 07
Distance parcourue: 18 mn – distance totale: 168 mn

Au mouillage dans la rade d'Admiralty Bay, Bequia – lever 7h00 et bain de mer pour le capitaine – on lève l'ancre à 8h00 car on voudrait être à ChateauBelair le plus tôt possible afin de permettre à Jean-François et Anne-Marie de réaliser leur projet de se rendre à la Soufrière de Saint-Vincent; grand-voile 2 ris et Génois un demi – ça crame toujours à 28-32 dans le canal entre Bequia et Saint-Vincent – vitesse plus de 8 nœuds – arrivée à ChateauBelair vers 12h00 – bon mouillage non loin de barques de pêche par 6 mètres de fond – nous recevons la visite de John sur sa planche à voile, un local bien sympathique qui nous offre d'aller nous chercher des fruits: pamplemousses, bananes, de la lime avec une pelure cancéreuse mais au demeurant délicieuse, et des fruits de la passion – entre temps, je jette un coup d’œil sur la carte de Jean-François et lui fait remarquer qu'il n'y a pas de route jusqu'à la base du volcan, mais plutôt un sentier d'au moins 5 km – je lui signale également les problèmes potentiels de sécurité, ce qui a l'heur de freiner l'ardeur de Anne-Marie – on décide d'aller à terre pour se faire une idée de l'environnement social et également acheter des bouteilles d'eau douce, dont les réserves sont maintenant pratiquement épuisées – Denis nous débarque donc Jeff et moi sur la plage de sable volcanique sous le vent de notre mouillage, et retourne au bateau avec l'annexe – Jeff et moi escaladons la rive et nous retrouvons instanter au tiers-monde – c'est une madame d'un certain âge et nu-pieds qui nous indique la direction de l'épicerie – autour de nous, c'est la pauvreté totale – la saleté surtout qui prédomine – des gens nous saluent – les enfants nous regardent comme si nous débarquions de la planète Mars – d'une porte entrouverte, un homme d'une trentaine d'années, encadré de deux dames de son âge, nous interpelle sans que nous sachions de quoi il ressort – un peu partout des autos dont l'on ne saurait dire si elles sont en état de marche - on finit par trouver l'épicerie, de la grandeur d'un petit dépanneur, que la propriétaire accepte d'ouvrir spécialement pour nous – nos achats terminés, on retourne discrètement au bateau par un autre chemin – Denis nous prend sans délai et pour Jeff, il n'est désormais plus question de retourner à terre – l'après-midi se passe à nager autour du bateau – en fin d'après-midi, Anne-Marie commence à s'inquiéter du fait que notre bateau soit tout fin seul à ce mouillage – mais à son grand soulagement, d'autres voiliers arrivent en fin de journée, et nous serons finalement 6 bateaux à y passer la nuit – à remarquer que les nouveaux arrivants mouillent drôlement près de nous – au souper, darnes de dorade surgelée provenant du premier achat en Martinique – poêlées et placées au four - nuit sans intérêt ni surprise.

6 janvier 2007
Distance parcourue: 36 mn – distance totale: 204 mn

Au mouillage devant ChateauBelair – Lever 5h30 pour Suzie – les autres suivent sans tarder car on a convenu de partir tôt – petit déjeuner – on lève l'ancre vers 7h00 – moteur puis grand-voile 2 ris et génois 1 ris devant Castrie car on s'attend à ce que ça souffle dans le canal entre Saint-Vincent et Sainte-Lucie – à l'entrée du canal, alors que ça commence à s'agiter, alarme température sur le moteur bâbord – j'arrête le moteur un moment, puis le redémarre pour vérifier: l'alarme température met un temps avant de se manifester à nouveau, mais l'alarme alternateur reste allumée – je ferme les deux moteurs et fais enlever les ris – les 22-24 nœuds de vent nous maintiennent à plus de 7 nœuds – Denis et moi vérifions le manuel moteur: une seule explication pour l'apparition des deux alarmes simultanément: bris de courroie – Denis ouvre le panneau: c'est bien le cas – pas de problème donc, nous avons des courroies de rechange et nous réparerons bien tranquilles au mouillage ce soir – ciel sans nuage – à mi-chemin dans le canal, je mouille la ligne traînante de mon ami André – on voit de loin les Pitons, mais il est bien long de s'en rapprocher – arrivée devant la Soufrière vers 14h30 – un local nous aborde avec sa chaloupe et nous propose ses services pendant que je commence à remonter la ligne – ça tire pas mal – je réussis à la ramener seul sur le cordon noir de plus gros diamètre, mais ça devient impossible une fois rendu à la ligne nylon et Denis vient m'aider – le local rigole: pensez-vous qu'il y a un poisson? nous demande-t-il – j'en doute tout autant que lui, imaginant trouver là quelque bottine, jusqu'à ce que j'entrevois dans l'eau à l'arrière du flotteur une lueur phosphorescente verte – puis il n'y a plus de doute: c'est une dorade, et une assez grosse à part ça – minimum 3 pieds de long et 20 livres – le noir pousse des cris – c'est une dorade – il a aussi peur que moi que je l'échappe, d'autant plus que la dorade reprend goût à la vie et recommence à gigoter dès que je fais mine de vouloir la sortir de l'eau – notre guide s'approche avec son bateau et pendant que je la maintiens avec la ligne, il l'attrape par la queue et la lance dans sa chaloupe, puis décroche l'hameçon – et il repart nous indiquer le mouillage du côté nord de la baie, en tapant avec une gaffe sur la pauvre bête, pendant que je me demande ce qu'il adviendra de mon poisson – nous l'y retrouvons cependant et il nous aide à passer un bout sur le corps mort – puis il revient le long du flotteur bâbord et me remet la prise en me signalant qu'il s'agit d'une femelle dont la pêche est interdite en ces lieux – ça a pour effet de me rendre un peu nerveux, compte tenu notamment que l'on vient de mouiller au sein d'une réserve marine, rien de moins – alors j'entreprends de dépecer la bête sans tarder – j'en coupe un bon tiers, y inclus la tête et la queue, que je passe aussitôt à notre hôte sauveteur – puis je m'acharne à couper le reste en 7 darnes d'au moins 2 pouces d'épais, ce qui me laisse la partie médiane d'au moins 6-7 pouces que je découperai en filets – pendant ce temps, Jean-François et Anne-Marie se sont entendus avec notre consort pour une visite de la Soufrière et de la chute du Piton - puis Denis et moi nous attaquons au problème du moteur bâbord, vite réglé avec l'installation d'une nouvelle courroie, un travail que Denis, avec mes encouragements, expédie en moins de 10 minutes – une heure à folâtrer avec les poissons au-dessus du récif qui borde le bateau du côté bâbord en leur offrant, égrenées, des toasts melba – il y a là notamment, faisant ami-ami avec Lison, le petit Némo, du film bien connu, avec tous ses amis de la même famille, à bandes verticales jaune, et d'autres poissons d'espèces innombrables - une fois Jeff et Anne-Marie revenus bien satisfaits de leur visite, souper royal à base de darnes de dorade revenues dans le beurre et cuites au four, avec riz, et vin blanc – sur quoi, problèmes résolus et tous bien repus, nous allons nous coucher.

7 janvier 2007
Distance parcourue: 40 mn – distance totale: 244 mn

Au mouillage sur corps mort devant la Soufrière – lever 6h30 – bain d'eau de mer et natation pour le capitaine – petit déjeuner – départ 8h00 – adieux bien tristes à Némo et à ses petits amis, tous salués par Suzi et Lison - grand-voile et génois assistés des deux moteurs qu'il est plaisant d'entendre ronronner de concert à nouveau – on rattrape les alizés devant Rodney Bay, à l'entrée du canal entre Sainte-Lucie et Martinique – à la voile, vents d'est 22 à 24 nœuds – ça galope, mais ça dérive en grand: 12 à 15 degrés minimum – vers 12h00, on distingue déjà bien le rocher du Diamant, mais il faudra s'aider des moteurs pour compléter la remontée vers la Grande Anse d'Arlet – arrivée moteur vers 14h30 dans la Baie où l'on mouille au sud des balises jaune par 5 mètres de fond – déjeuner à terre pour Jean-François, Anne-Marie, Nathalie et moi – en déambulant sur la promenade, je remarque un immense espadon (Marlin) que des pêcheurs locaux sont en train de dépecer – on repart comme des voleurs avec trois kilos de magnifiques filets payés 10 euros le kilos – c'est à nouveau bombance à bord au souper, où j'engloutis pas moins de 1,5 livre d'espadon à moi tout seul – j'aurai en prime un sommeil agité ce que bien mérité.

  

8 janvier 2007
Distance parcourue: 12 mn – distance totale: 256 mn

Au mouillage dans la rade de la grande des Anses d'Arlet - Lever à 7h00 – bain à l'eau de mer et natation – petit déjeuner – départ à 9h00 – grand-voile et génois, cap au 180°, voiles et moteurs – en vue du Diamant, on ferme les moteurs pour remonter au vent vers la Baie de Sainte-Anne – vent d'est, 15 à 18 nœuds - bonne pratique de manœuvres et barre pour la majorité des membres de l'équipage – arrivée dans la Baie de Sainte Anne à 14h30 – baignade pour certains – départ à 15h15 de la Baie de Sainte Anne direction Le Marin; plein de fuel et d'eau – Star Voyage ne peut nous prendre à quai – mais le chef de port nous indique un corps mort gratuit directement en face et à une demi-encâblure du ponton à essence – aussitôt que nous voilà installés, mon ami Michel Picard nous rejoint en zodiac sur Zoé et m'enlève littéralement pour me faire visiter son bateau, le Wind Affair, un Hunter 43 – sa compagne, Maki, nous offre de raccompagner nos copains Jean-François et Anne-Marie le lendemain à l'aéroport car ils ont une voiture - je rejoins par la suite l'équipage au resto, où nous rattrapent les deux nouveaux équipiers Pierre Léveillé et Robert Denis, pour lesquels j'ai organisé avec Star Voyage un coucher à bord d'un autre catamaran – souper convivial – coucher 21h30.

9 janvier 2007

Au mouillage dans la rade du Marin – lever 6h45 – petit déjeuner – première tâche: dédouaner afin de libérer les passeports d'Anne-Marie et de Jean-François – vérification auprès de Star Voyage quant à la disponibilité du JO 49 – je vois passer le nouveau moteur Yanmar sur un chariot: c'est bon signe – Adieu aux deux équipiers Jeff et sa blonde Anne-Marie – Maki, l'amie de Michel Picard, les reconduits à l'aéroport avec leur voiture louée, comme prévu - dans l'après-midi: Star Voyage nous autorise enfin à nous placer à quai – manœuvre que l'on effectue comme des pros - transfert à bord des équipiers Pierre et Robert - entre-temps, ça s'est gâté pour le 49, il faudra se contenter du Lagoon pour les premiers 15 jours de la deuxième étape – c'est plutôt ennuyant pour notre planning mais il faudra faire avec, comme disent les Français..

10 janvier 2007
Distance parcourue: 12 mn – distance totale: 268 mn

À quai au Marin – lever 7h30 – je vérifie les contraintes des douanes, et les possibilités de location d'un monocoque de bonne taille auprès des compétiteurs de Star Voyage, Kiriacoulis et Mooring, mais ne trouve rien d'intéressant à prix compétitif – entre temps, les gens de Star Voyage s'activent sur le bateau et il est temps d'aller faire l'épicerie pour près d'un mois de mer. Chez Annette dont l'on a appris à apprécier les viandes, les fromages et le prix abordable de ses vins et alcools – fortes averses – Michel Picard vient nous retrouver sur Zoé et a la gentillesse de corriger les frasques du logiciel Nobeltec sur mon portable: cela facilitera grandement la navigation pour le reste du voyage – en fin d'après-midi, le ciel s'est allégé, on doit libérer le ponton, et tant qu'à faire, je décide de rejoindre Grande Anse d'Arlet, même si ça sera juste avant la nuit – un vent frais assisté des deux moteurs nous propulsent à bonne allure et nous entrons au mouillage, les équipiers diront à vive allure, une quinzaine de minutes après le coucher du soleil – tout juste, bien juste à mon goût – mouillage par une brasse près de la rive - rhum et souper: escalopes de veau préparées par le capitaine (c'est déjà une tradition en début de croisière) et spaghetti sauce tomate, accompagnés d'un petit rouge pas piqué des vers.

11 janvier 2007
Distance parcourue: 14 mn – distance totale: 282 mn

Au mouillage dans la Grande Anse d'Arlet – lever 7h00 – bain de mer et natation pour le capitaine – petit déjeuner avec une énorme omelette au jambon fromage préparée par Denis et Suzi – départ 9h00 – belles manœuvres de départ – pleine grand-voile et génois – vent d'est 18 à 24 nœuds devant la baie de Fort-de-France – le cheval cabre les reins une couple de fois, avec des pointes à 8,3 nœuds. On atteint vite Saint-Pierre où on mouille vers 12h15 à une encablure du quai, sur fonds de sable. Première virée à terre – pour moi, nouvelle visite des ruines du théâtre et de la prison – Robert se fait photographier à califourchon sur une statue de basalte aux formes non équivoques - Souper à 19h30: escalopes de veau parmigiana (les restes de la veille) préparées par les trois filles avec spaghettis sauce tomate et toujours le rouge. Coucher tôt sauf pour Pierre, Robert et Denis (qui s'est relevé pour l'occasion) et une bouteille de rhum compatissante.

12 janvier 2007

Au mouillage devant Saint-Pierre – lever 7h00 – bain de mer et natation pour le capitaine qui folâtre dans l'eau plus longtemps qu'à son habitude – petit déjeuner – dédouanage au Café Internet l'Esplanade en prévision d'un départ pour le 13 – organisation d'une expédition au Mont Pelée pour Lison, Pierre, Robert et Jean – on utilise les transports en commun pour nous rendre jusqu'à l'Aileron où le chauffeur accepte de nous laisser et nous reprendre bien que sa route ne passe pas par là – et de là on peine sur plusieurs centaines de mètres, à certains moments dans des positions d'alpinistes, plus ou moins perdus dans des vents brumeux plutôt froids, grelottants, mouillés, traversés, sans voir quoi que ce soit d'intéressant: une petite performance sportive sans rien de plus qu'un effort cardio-vasculaire et quelques photos approximatives – retour en ville par le même bus à 2h15 – lunch en ville avant le retour au bateau – on aurait dû essayer plutôt les combats de coq ou la visite de la rhumerie Saint-James à Sainte-Marie: ce sera pour une prochaine fois – baignade - 5 à 7 du capitaine – au menu pour le souper: poitrine de poulet et riz; coucher tôt.

   

Île 8 : Dominique

13 janvier 2007
Distance parcourue: 34 mn – distance totale: 316 mn

Au mouillage devant Saint-Pierre - lever 7h00 – bain de mer et natation pour le capitaine – toasts dorées au petit déjeuner par Suzi – achat en vitesse au marché en pleine ébullition de petits poissons, pamplemousses et tomates - on lève l'ancre à 8h45 – grand-voile et génois + moteurs jusqu'à l'extrémité nord de la Martinique – vent 18 à 27 nœuds – on prend un ris dans le génois et la grand-voile – vitesse + 7 nœuds au 08° M – arrivée devant Roseau à 13h30 – rencontre Panchos, recommandé par Michel Picard - sympathique, parle français, offre ses services de taxi, garantit la sécurité – nous indique la direction des douanes à 1,5 milles plus au nord – Denis et moi faisons la distance en zodiac: avec le 3,5 CV de Star Voyage, ça va pas vite vite – coût des douanes pour 7 personnes et 2 jours: 34 $US – retour au bateau vers 16h30 – rhum'an coke et chips – puis on filète tant bien que mal les pauvres petits poissons achetés au marché de Saint-Pierre le matin même – ça ne fait pas beaucoup de viande – on complète avec du cannage – Dans la soirée, en voulant remonter l'annexe, je perd pied, tombe à la renverse sur Robert, dont le dessus du pied se coince contre le seuil de la porte du cockpit: je n'ai pas de mal mais Robert a une sale éraflure sur le dessus du pied, qui l'emmerdera le reste du voyage – mea culpa.

14 janvier 2007

Au mouillage devant Roseau – nous avions donné rendez-vous à Panchos à 8h30 – il arrive à 8:50 – et nous mène à terre à l'Hôtel Anchorage où nous attend RhumAndCoke, notre chauffeur de bus, un type super gentil qui nous fait d'abord voir Itoo Gorges, où Pierre, Robert et moi accepterons de nager dans une gorge étroite sur près de 200 pieds et à contre-courant - pour voir une fameuse chute encastrée dans le roc solide – honnêtement j'ai eu chaud, même après avoir bu une couple de gorgées d'eau (douce) – et dus me résoudre à nager la marinière pour me rendre jusqu'à mes copains – heureusement, le retour fut sans histoire grâce au fameux courant – à noter que cette rivière alimente une centrale électrique construite par des Canadiens-français et que la conduite d'alimentation est faite de bois coffré comme un très long tonneau de quelques 5 pieds de diamètre - par la suite ce furent les chutes de Trafalgar où nous attendaient des ondées de double volume – mais nous avons pu dîner à un petit resto bien sympathique à quelques centaines de mètres de là: mes crevettes, dans leur sauce créole sont excellentes, nous sommes en plein cœur de la forêt tropicale, entourés d'arbres fruitiers de toutes espèces y compris des avocatiers dont les fruits, tout à coup, ont pour moi une forme toute sensuelle (je ne comprends pas trop ce qui m'arrive) - au retour nous avons visité, mais sans mettre pied à terre le jardin botanique de Roseau, notre guide se contentant de nous désigner les principales espèces d'arbres – avant de nous ramener à l'Anchorage – j'ai marché par la suite, seul, le long de l'avenue principale, une quinzaine de minutes dans un sens, et une quinzaine dans l'autre, observant de gauche et de droite – au début troublé par un environnement aussi exotique, puis progressivement rassuré avant de ressentir comme un soulagement le manque d'intérêt que le tout me suggérait: une vision de pauvre monde occupé à plein temps à tout simplement survivre ...- souper à bord, des spaghettis?

Île 9 : Les Saintes

15 janvier 2007
Distance parcourue: 40 mn – distance totale: 356 mn

Au mouillage devant Roseau – Lever 7h00 – Suzi a stoppé durant la nuit le groupe d'eau dont la pompe n'arrêtait pas de tourner – j'examine et me rends compte que le réservoir d'expansion fuit, d'où perte sérieuse d'eau douce lorsque le groupe est en opération – ça gicle drôlement sous l'évier – malgré tout, bain de mer et natation pour le capitaine – départ 7h30 avant le petit déjeuner, histoire de ne pas perdre de temps pour valider l'option d'atteindre Pointe-à-Pitre le soir même, ce qui permettrait d'effectuer la réparation sur le réservoir d'expansion d'eau douce – comme plan B, on rentrera aux Saintes – première heure aux moteurs seulement, vitesse environ 6 nœuds, l'ordinateur nous donnant un ETA de l'ordre de 18h30, 19h00 – mais je pense que ça s'améliorera dans le canal – 9h30 sous le vent de Dominique – la brise commence à rentrer et on hisse la grand-voile avec 2 ris, après avoir croisé un catamaran descendant – Sous la pointe nord de Dominique, le vent N-E passe à 24 puis 30 nœuds – génois arisé grand-voile 2 ris – puis dans un grain ça monte à 40 – Denis lofe un peu pour laisser passer – mer blanche, zéro visibilité pendant un moment, clapot modéré, vagues croisées – puis, une fois le grain passé, le vent se rétablit à 30, puis 26 – et adonne un peu plus – en vue des Saintes depuis un moment – il serait fatiguant de maintenir un cap nord réel direction Pointe-à-Pitre – de plus l'ETA de l'ordi est plus de 17h00 – je décide d'arrêter aux Saintes où nous pourrons tenter d'effectuer nous-mêmes la réparation du réservoir d'expansion – passage des Dames vers 13h30 où la carte ordi donnant la position GPS du bateau s'avère bien rassurante, compte tenu de la relative étroitesse du passage pour un non-initié – arrivée devant le village de Maison Blanche, et mouillage devant la Pointe de Coquelet à 2h35 par 4 mètres de fonds sablonneux – je débarque pour dédouaner ce qui se fait en 20 minutes à la mairie, et retourne à bord pour le 5 à 7 après être passé au café Internet – souper à bord: pâtes toujours délicieuses.

16 janvier 2007

Au mouillage devant Maison Blanche – lever 7h00 et bain de mer pour le capitaine – petit déjeuner et vacation à terre pour tenter de faire réparer le réservoir d'expansion - je localise un mécanicien, Philippe, sympathique, qui veut bien regarder le bidule si je parviens à le démonter – retour à bord – et retour à terre avec le réservoir qui s'avère complètement foutu après tests à l'air comprimée par Philippe: c'est la membrane en caoutchouc de l'intérieur qui est percée – il n'y a rien à faire sauf d'en commander un autre – ce qu'il s'occupe à tenter de faire – mais il s'avère qu'il n'y en a aucun de disponible en Guadeloupe – et Philippe nous suggère d'utiliser une simple pinoche pour boucher l'ouverture laissée par le réservoir défectueux, en nous rassurant sur la possibilité d'endommager la pompe – retour au bateau où nous effectuons la réparation, ce qui permet à tous de prendre une douche bien méritée - en fin d'après-midi, Pierre et moi rencontrons par hasard à l'Internet café Gill Poitras, un chanteur et producteur québécois et sa femme France, en visite aux Saintes, que nous invitons au 5 à 7 – 5 à 7 – souper des trois poulets, qui restera remarquable pour tous les co-équipiers – coucher dans les brumes de Bacchus après avoir reconduit, au jugé, les invités - demain c'est la fête à Lison et je lui souhaite bonne fête durant la nuit.

17 janvier 2007

Au mouillage devant les Saintes – lever à 7h00 – c'est la fête à Lison et tout le monde lui souhaite bonne fête - le capitaine prend son bain de mer – le projet pour ce jour-là est de louer des scooters – en deux groupes: Denis et Suzi d'une part et Pierre, Robert, Lison et moi d'autre part, tandis que Nathalie demeure sur le bateau – j'ai oublié mon permis de conduire et je dois retourner au bateau où j'entre par un capotin en gardant mes bottines, au grand déplaisir de Lison par la suite en raison des empreintes laissées sur un beau drap blanc – puis c'est la cavalcade sur nos 100 cc vers le Yacht Club d'abord, puis le Pain de Sucre, puis vers la Grande Anse après être passés le long de l'aéroport donnant accès à l'Anse Rodriguez et ses petites chèvres si sympathiques – retour vers le centre-ville et direction la plage de Pom-Pierre où nous prenons une petite bière bien méritée en jasant avec un guide local, Gérard, fort sympathique – Puis, arrêt à un resto, la Douceur de l'Île, où nous rencontrons par hasard Denis et Suzi accompagnés de Gérard Bouchard, Danny et Claudine du voilier Croc Eau d'Îles, qu'ils ont rencontrés également par hasard – à nouveau sur nos montures direction le Fort Napoléon cette fois, mais nous arrivons trop tard pour une visite: on se contente du paysage et de la vue sur la Passe de la baleine et la Baie du Marigot – retour à bord où nous rejoignent nos co-équipiers et nouveaux amis – 5 à 7 en leur compagnie – puis souper au Génois – où nous rencontrons à nouveau Gill et France – remarquable: l'immense arrière-train jupe jaune orange d'une madame qui n'arrête pas de nous bousculer lors de ses multiples entrées et sorties de table: prière ne pas s'énerver – retour au bateau dans la nuit, lampes frontales à poste, mais cette fois, c'est Denis qui conduit.

 

Île 10 : Guadeloupe

18 janvier 2007
Distance parcourue: 26 mn – distance totale: 382 mn

Au mouillage devant les Saintes – lever 7h00 – bain de mer et natation – petit déjeuner: grosse très grosse omelette au jambon et fromage préparée par Denis et Suzi – je vais à terre vérifier si message de Star Voyage avant le départ pour Pointe-à-Pitre: rien, pas même un accusé réception de mes messages précédents – on lève l'ancre à 9h30 après avoir prévenu de nos intentions le skipper d'un catamaran installé à peu près au-dessus de notre ancre – tout se passe en douceur – grand-voile un ris et moteurs cap au 34°M d'abord puis au 20°, ce qui nous éloigne de notre route idéale – changement de bord au 83°M pour corriger et en tenant compte de la direction de la houle – il n'y a pas lieu de traîner car le catamaran Croc Eau d'Îles, 46 pieds, nous a parlé la veille d'une compétition amicale – effectivement il nous avait appelé en début de course pour nous demander ce que nous faisions – je lui avais précisé grand-voile 1 ris et moteurs avec de petits bords – il m'avait répondu qu'il procédait à la voile – après avoir franchi la Pointe de la Capesterre, le vent adonne et nous pouvons envoyer plein génois, ce qui nous propulse à plus de 7 nœuds – et pas de nouvelle de CEd'Î – 13h30: nous sommes déjà dans l'entrée de la rade de Pointe-à-Pitre – arrêt au nouveau poste à gazole, du côté nord-ouest du lagon pendant que j'essaie de rejoindre la capitainerie – un représentant se pointe finalement et nous assigne une place au quai 9 – on s'amarre sous des averses plutôt drues – première tâche: trouver une laverie, et obtenir que tout soit prêt pour le lendemain vendredi 16h00 – puis petit marché pour le petit déjeuner du lendemain matin – Nos amis de CEd'Î nous rejoignent finalement, arrivant plus de 2,5 heures après nous, après avoir tiré un long bord bâbord amure vers Marie-Galante (personne ne parle plus de compétition et je me tiens coi, riant sous barbe) – nous soupons à bord de pâtes délicieuses – dodo très tôt, comme d'habitude, pendant qu'autour de nous, la partie nocturne de cette grande agglomération s'éveille lentement à la vie et flexe ses biceps.

19 janvier 2007

À quai à la Marina de Bas-du-Fort - Lever 7h30 – pas de bain de mer pour le capitaine qui ne prise guère la couleur de l'eau de vaisselle dans laquelle baigne le bateau – petit déjeuner avec Lison, les équipiers étant partis à terre – À la capitainerie, un SO 49 est à quai, Cajou III, sans doute notre nouveau bateau – nous rencontrons le chef de bord un peu plus tard, Christian, et nous prenons les dispositions pour notre transfert sur notre nouvelle monture – ce qui s'effectue sous des averses incessantes, les bateaux amarrés au nouveau ponton à gazole – je note qu'en Guadeloupe, l'appel radio se fait à l'inverse de chez nous, l'appelant se nommant d'abord et non l'appelé, suivit de la préposition "pour" – une fois toutes nos choses transportées, et après quelques oublis, nous amarrons Cajou à notre ponton – souper à terre.

20 janvier 2007

À quai à la Marina de Bas-du-Fort - Lever 7h30 – douche à bord: le luxe – enregistrement de Cajou à la capitainerie – on nous demande de changer de ponton, ce que faisons sans délai et comme des pros, sans l'aide de personne, malgré la taille du bateau et l'exiguïté de l'appontement disponible – entre temps, Gérard est arrivé et nous nous préparons à effectuer une visite de l'île en sa compagnie et celle de Danny de Croc Eau d'Îles dans une voiture 9 places louée – visite de la rhumerie Langueteau, à Basse-Terre, courte marche au Grand Étang, puis déjeuner à un restaurant routier non loin de Trois-Rivières où la bouffe et le service s'avèrent d'une exceptionnelle qualité – retour à la marina par un long détour et souper léger individuel à bord – Lison et moi accompagnons par la suite Gérard et Danny au bar l'Americano de Sainte-Anne où Gill Poitras donne un spectacle de chansonnier – la salle s'avère très coopérative pour notre artiste québécois qui montre une bonne maîtrise de son art – retour au bateau dans la nuit après avoir tiré Gérard des bras d'une diablesse basanée serré.

   

Île 11 : Marie-Galante

21 janvier 2007
Distance parcourue: 28 mn – distance totale: 410 mn

À quai à la Marina de Bas-du-Fort - Lever 7h30 – douche à bord – on décide de surseoir au projet d'une autre visite de l'île en bus et d'anticiper notre départ pour Marie-Galante, notamment en raison des odeurs particulières des eaux de la rade – départ vers 10h45 après avoir salué nos amis de Croc Eau d'Îles – Grand-voile et génois dès la sortie du port de Pointe-à-Pitre – Cajou n'en demandait pas mieux et il s'élance comme un coursier – navigation au 150°M, bâbord amures, et petit largue, avec un vent apparent de 15 nœuds – déjà une vitesse de plus de 7 nœuds, puis de 8 et nous rattrapons rapidement trois catas partis devant nous – chacun tâte de la barre, y compris Lison qui malgré ses réticences, fera faire 9 nœuds au bateau – arrivée et mouillage à l'Anse au Canot vers 13h00 – baignade et bain de mer dans des eaux d'un joli turquoise mais relativement laiteuses, sans aucune visibilité – se laissant rouler dans les vagues, Lison s'amuse à remplir son caleçon de sable blanc - départ à 15h30 et arrivée et mouillage une heure plus tard dans la rade de Grand Bourg – entrée de crevettes et filets de morue comme plat principal - soirée tranquille à bord.

   

22 janvier 2007
Distance parcourue: 5 mn – distance totale: 415 mn

  

Au mouillage dans la rade de Grand Bourg à Marie-Galante – grasse matinée pour le capitaine qui se lève à 8h15 – petit déjeuner et débarquement en vue d'une visite de l'île – qui se fera dans un taxi 10 places – visite du point de vue du nouvel hôpital, de la maison Murat, si magnifique et dont la restauration progresse bien (à visiter la Librairie et le petit musée), de la distillerie Bellevue (trop moderne à mon goût – j'aurais préféré celle de Bielle que j'avais déjà vue et qui s'était avérée beaucoup plus intéressante) - du Moulin à vent de Bézard, et de l'inévitable trou du Grand Gouffre, avant le retour à bord (non sans une nouvelle visite à l'hôpital pour faire examiner un bobo que le capitaine s'était infligé au coude en trébuchant la veille sur le pont– c'est un agrimo, ou quelque chose du genre, une boule de graisse qui s'est formée sur le coude en réaction à l'impact et qui est susceptible de se résorber, de rester là ou même de continuer d'enfler – le médecin me fait un bandage et me recommande de le renouveler en plaçant une pièce sur la protubérance, ce que je ferai religieusement dans les jours suivants) – lever de l'ancre vers 13h30 et départ pour la Baie de Saint-Louis où nous mouillons par 2,8 mètres de fond à trois encablures au nord du quai – dolce vita – coucher de soleil rougeoyant au-dessus des Saintes - au souper, côtelettes de porc au miel appréciées par tous.

23 janvier 2007
Distance parcourue: 58 mn – distance totale: 473 mn

Au mouillage dans la Baie de Saint-Louis – lever 6h45 et bain de mer pour le capitaine – omelette au petit déjeuner préparée par Denis et Suzi – branle-bas de combat dès 7h45 car il y aura de la route à faire aujourd'hui – objectif: Port-Louis sur la côte ouest de l'aile droite du papillon – grand-voile hissée au mouillage puis on dérape – direction nord à travers les bouées de pêcheurs – puis au 45°M pour faire la pointe des Châteaux à l'extrémité est de la Guadeloupe – vent apparent 15-16 nœuds mollissant éventuellement – le vent refuse et on devra tirer un bord puis engager les chevaux vapeur pour maintenir le rythme – dans le passage entre Guadeloupe et Désirade, la houle devient très impressionnante, plus de 4 mètres, avec un vent faiblissant - ça roule en grand – on passe la pointe de la Grande Vigie au nord de la Guadeloupe vers 15h00 puis on redescend vers Port-Louis – la houle demeure impressionnante et on se demande ce qu'on trouvera à notre destination – à 16h30, mouillage par 4,5 mètres devant Port-Louis dans un paradis de surfeurs avec d'énormes rouleaux de droite et de gauche, mais relativement calme au milieu où se trouve déjà un catamaran – un troisième voilier, un américain, viendra nous rejoindre en début de soirée – entrée de crevettes et poulet à la sauce d'érable et salade en plat principal – à 20h15, la moitié de l'équipage est déjà couchée pendant que Pierre s'affaire à compléter la vaisselle et que Robert refait son pansement – bien qu'on n'entende rien à l'intérieur, dehors le bruit du surf reste impressionnant – vent d'est de 3-5 nœuds – en dépit de tout ce qui ressemble à un mouillage forain, la nuit, bien qu'un peu agitée, devrait être tranquille – wishfull thinking peu approprié en navigation? – on verra demain.

Île 12 : Antigua

24 janvier 2007
Distance parcourue: 35 mn – distance totale: 508 mn

Au mouillage devant Port-Louis – Vérification durant la nuit, vers 1h30: le catamaran est parti mais notre ancre tient bien, il n'y a pas de vent et la position du bateau n'a pas changée – lever vers 6h30 mais pas de bain de mer pour le capitaine qui reste impressionné par l'ampleur de la houle – la côte est de plus en partie voilée par de la fumée diaphane à l'odeur caractéristique des villages des Antilles, sans doute le résultat des feux d'ordures – petit déjeuner abrégé et départ pour Antigua à 8h15 – grand-voile 1 ris, au cas où, car il y a menace de grains, vent d'est 5-8 nœuds, et moteur – cap au 360°M – une fois laissée au est sud-est la pointe de la Grande Vigie, au nord de la Guadeloupe, le vent d'est prend de la force et s'établit à 13-15 nœuds – avec le moteur, génois mi-arisé et grand-voile 1 ris bien étarquée, Cajou fonce, bien à plat, à plus de 8 nœuds dans une mer d'est d'un mètre – voyage rapide et confortable comme je les aime – la côte sud d'Antigua se précise de plus en plus, jusqu'à nous laisser entrevoir l'entrée dissimulée d'English Harbour où nous mouillons vers 13h00 – débarquement avec Denis pour dédouaner – ce qui prendra quelques minutes, le temps pour messieurs dames de la douane de terminer leur pause déjeuner – taxes pour 7 personnes et trois jours: 60$US – le quaiage nous semble abordable (40$US), et après la nuit de la veille, on décide de se refaire une santé en s'arrimant cul à quai, sur chaîne d'ancre à la manière européenne – visite à terre du Nelson Dockyard – Internet café – et souper au superbe restaurant surplombant notre quaiage, HQ2 – souper très dispendieux et tout également délicieux, accompagné d'un vin de marque ChateauBelair – sûrement un chef français à en juger par la qualité des sauces – coucher accompagné de la visite de quelques moustiques .

25 janvier 2007
Distance parcourue: 12 mn – distance totale: 520 mn

À quai dans English Harbour – lever 7h15 – petit déjeuner et visite à pieds des docks de Falmouth Harbour, le havre de gros yachts de croisière – le niveau des revenus n'est ici plus le même de toute évidence par rapport à nos autres escales – retour à English Harbour et à notre "petit" 49 pieds – réapprovisionnement en eau douce et pétrole, car on a décidé d'abandonner un projet de visite terrestre de l'île et d'aller plutôt passer la journée dans le lagon de Cade Reef, au sud-ouest de l'île – arrivée à Cade Reef, que l'on contourne par le sud et le sud-ouest, vers 12h00 – de petites bouées blanches doublées délimitent la passe – mouillage par 4 mètres de fond après viraillage à travers les têtes de corail - et tout le monde se met à l'eau – il y a quelques poissons (Pierre entrevoit même un Barracuda) mais l'état du corail est désolant: tout est gris, il ne reste que les sous structures ampoulées, résultat de l'ouragan Hugo – bain de mer et douches – déjeuner au goûts de chacun: pour moi: crevettes-moutarde et salade aux tomates et concombres avec une sauce préparation Lison, complétées par des pinottes trempées dans ladite sauce et 2 Coca-Cola, une folie – on décide de passer la nuit à ce mouillage confortable et dépourvu du moindre moustique – fin d'après-midi à lire, écrire, jouer au Scrabble et faire la sieste.


 

Île 13 : Barbuda

26 janvier 2007
Distance parcourue: 38 mn – distance totale: 558 mn

Au mouillage à Cade Reef – Réveil brutal à 5h00 du matin: un gros Zodiac d'une quarantaine de pieds de long de la Garde côtière Antiguaise est à notre bâbord et son officier demande le skipper puis la permission de monter à bord – interrogatoire en règle et vérification des papiers du bateau et des passeports de l'équipage – vérification également des équipements de sécurité, gilets de sauvetage, radeau de survie, feux de signalisation – vérification de routine me dit l'officier, qui demande également à voir l'intérieur des chambres et me fait ouvrir quelques placards pendant que les équipiers sont regroupés dans le cockpit sur la surveillance de deux gardes en armes – c'est du sérieux – ils repartent au bout de trois quarts d'heure – en repensant à cet épisode désagréable, je me demande si l'immense fleurdelisé flottant à notre première barre de flèche n'a pas eu l'heur de déplaire à quelqu'un de haut placé - je me recouche et me rendors mais certains équipiers s'en tiennent au café – lever 7h40 – temps bouché, grain léger, visibilité moins d'un mille, vent sud 5-6 nœuds – pourtant le baromètre n'a pas bougé à 765 mm – est-ce que ce vent du sud-sud-ouest ne résulte que d'un système local? - les équipiers souhaitent aller à Barbuda – ce vent tirant dans l'ouest serait très inconfortable une fois que nous serions rendus là-bas: parions donc sur la prédominance des alizés de l'est; mais j'avise les équipiers de la possibilité d'un contretemps qui nous obligerait à revenir à contre-vent (contretemps – contre-vent!!!) - départ sous un grain léger vers 9h00 – on laisse la côte ouest d'Antigua à tribord, dont Sandy Island, puis cap au 32°M avec un vent sud de 7-10 allant en diminuant à mesure qu'on laisse un ciel grisonnant derrière nous – dans le canal entre Antigua et Barbuda, le ciel se dégage complètement tandis qu'un vent léger s'établit dans l'est – arrivée à Cocoa Point à 2h45 et mouillage près de la piste d'atterrissage par 4,5 mètres sur fond de sable – débarquement dans une houle légère et marche sur une magnifique et interminable plage de sable fin – plongée en apnée en fin d'après-midi sur un récif non loin du bateau mais l'absence de visibilité en raison du sable en suspension dans l'eau rend l'opération sans grand intérêt – il faudrait le faire à l'extérieur de la barrière – 5 à 7 – et au souper riz et reste de porc et crevettes avec sauce à l'avenant préparée par Nathalie.

27 janvier 2007

Au mouillage devant Cocoa Point, Barbuda – Nuit tranquille, étoilée, baignée du doux ressac des vagues sur la longue plage de sable blanc – lever de soleil rougeoyant dans l'est (Soleil rouge le matin, chagrin?) – grasse matinée pour le capitaine qui ne se lève qu'à 7h45 – tout le monde est déjà debout – petit déjeuner dans un décor enchanteur – vent de sud-est, 3-5 et un ciel qui se dégage progressivement de ses petits moutons blancs – on décide de se rendre à Barbuda Harbour histoire d'effectuer une petite visite de l'île qu'on ne reverra peut-être jamais – un chauffeur de taxi accepte de nous amener voir le village et les Caves (des grottes soi-disant déjà habitées par les terribles Caribes) situés au nord-est de l'île pour 110$US (5 personnes) – c'est pas donné mais on y va – ça ressemble un peu à Forestville, au Québec, avec une route de gravelle mais au moins, on n'est pas désorienté – on nous montre l'espèce d'enclos derrière lequel la famille Codrington parquait les esclaves venus d'Afrique et destinés à la revente aux propriétaires terriens des autres îles des Antilles – on apprend également que l'île est principalement habitée de chevaux, d'ânes, de moutons et de chèvres, les humains, au nombre d'environ 1300 âmes, s'avérant finalement les moins nombreux de tout ce joli monde vivant en complète liberté – retour au bateau vers 13h00 où l'on retrouve Suzi et Nathalie – c'est maintenant la plage qui nous intéresse et on en découvre une à notre goût de l'autre côté de Palmetto Point, quelques 8 milles de sable blanc que le dernier chat a déserté longtemps avant notre arrivée – dans ce paysage de carte postale, quatre voiliers seulement flottant dans une immense piscine aquavelva – bain de mer et plage selon les goûts – l'après-midi s'étire lentement au gré des siestes et des drinks – depuis ce matin, le baromètre a perdu 2 millimètres de mercure à 763: aurons-nous un peu plus de vent demain? – en début de soirée, nous entendons un appel sur le 16: il s'agit d'une française, Nathalie, demandant à parler à un certain Johnson – elle répète son message à plusieurs reprises – finalement, un type s'identifiant comme Exa-Taxi lui répond lui expliquant que Johnson n'est pas là, et que veut-elle – elle explique que sur son bateau, on a pris deux poissons, un Marlin (un espadon) et un Wahou – l'autre lui demande ce qu'elle veut faire de ses poissons – elle explique qu'il s'agit de très gros poissons – l'autre lui demande à nouveau ce qu'elle veut en faire, veut-elle les donner aux gens de Barbuba, veut-elle les vendre - Nathalie répond qu'il y a deux hôtels à Barbuda et seraient-ils intéressés par ces poissons? et combien seraient-ils prêts à payer? – l'autre explique qu'il n'en sait rien mais qu'il va vérifier – puis il ajoute que ces hôtels ont leur propres pêcheurs et qu'il serait étonné qu'ils soient intéressés – il demande alors le poids approximatif des poissons – après plusieurs hésitations, il s'avère finalement que le Marlin pèse aux alentours de 100 kilos et le Wahou 80 kilos – l'autre rappelle et annonce que les gens des deux hôtels sont intéressés et après bien des erreurs et hésitations, il s'avère qu'ils sont prêts à payer 7$ US le kilo pour chacun des deux poissons: et nous avons un deal ! – finalement dans la soirée, on apprend que le Iva Ivak est arrivé à Cocoa Point et que les deux poissons sont dans l'annexe – ouf – ils ont réussi... c'est un peu comme à télé, Panpan est toujours le vainqueur.

Île 14 : St-Kitts

28 janvier 2007
Distance parcourue: 42 mn – distance totale: 600 mn

Au mouillage dans la baie de Low Bay, Barbuda – À 3h00 du matin, je me lève déjà car ce mouillage me semble bien agité – pourtant, notre position n'a pas changée – le vent est toujours égal autour de 10 nœuds dans l'est – mais décidément, le swell n'est pas ce qu'il était: la houle venue du nord, et annoncée deux jours plus tôt, serait-elle en voie de s'établir? – troublé, inquiet, je me recouche puis me relève une heure et demie plus tard: ça ne se calme définitivement pas: le bateau, comme un cheval fringant, tiraille de tous bords tous côtés, avec des cabrioles qui arrachent des crissements d'angoisse au gréement de la chaîne d'ancre – mais il est encore trop tôt pour partir – je juge qu'il sera préférable d'attendre le lever du jour avant de réagir: car il est toujours dangereux pour les blessures d'agir en pleine nuit – finalement, vers 6h15, il fait suffisamment clair pour passer à l'action – je réveille Denis et bientôt tous les autres sont là pour la manœuvre – mais le système de levage de l'ancre a un problème: une vis s'est détachée, et l'ancre refuse de se loger correctement sur son berceau – pendant que Denis et moi essayons d'y voir plus clair, le bateau dérive beaucoup plus rapidement que j'aurais pu l'imaginer et bientôt, Denis me dit qu'il voit des brisants derrière nous, vers le large – je comprend le message 5 sur 5 en me retournant – le danger menace, et nous laissons l'ancre à ses problèmes pour reprendre la navigation – il ne s'en aurait fallu que de peu – encore aujourd'hui, je comprend mal que le bateau ait pu dériver de plus d'un mille dans ce qui m'a paru moins de dix minutes, moteur au neutre et sans voile aucune – nous reprenons notre route d'autant plus circonspects au 180°M pour nous dégager de la barrière de récifs coralliens – puis éventuellement cap sur les Narrows entre Nevis et St-Christophe, ou St-Kitts, au 243ºT – à plus de 42 milles de là – que nous atteindrons rapidement, à plus de 7 nœuds de moyenne vers 13h00, sous grand-voile un ris et génois plein, puis également arrisé d'un tiers – les équipiers verront une baleine et quelques dauphins, après avoir noté une hausse subite du profondimètre de plus de 100 à quelques 8 mètres: un mammifère marin assurément car la carte n'annonce rien de tel – à une dizaine de milles de St-Kitts, l'ordi me joue un tour désagréable en nous plaçant à près de deux milles au nord de notre trajectoire et me force à donner de nouveaux caps à Denis, et même à envisager une nouvelle route autour de Nevis – finalement, le passage à la carte à plus grande échelle corrige la situation et nous voilà réconciliés avec les deux GPS, à mon profond soulagement – le passage dans les Narrows se fait donc comme un marche dans le parc (like a walk in the park comme dirait Tom Cruise dans Top Gun), et nous voilà de l'autre côté de Bobby Island, contournant Horse Shoes Point en direction de Basseterre, que nous atteindrons vers 14h45 – accostage entre des poteaux plantés à la verticale selon la mode des ports de la Nouvelle-Angleterre, que les équipiers affrontent pour la première fois – mais le capitaine veille au grain et la manœuvre se déroule sans anicroche aucune, sans cri ou autre tergiversation du genre – et nous voilà instantanément parqués correctement – dédouanage aux Customs à quelques milles de là et, pour ce qui est de l'immigration, à l'aéroport...- retour au bateau où les équipiers ont attendu patiemment – douche et café Internet – on est en ville à nouveau – petite marche sur Picadilly, on se croirait presque à Londres, pour Lison, Denis et moi, et lunch de survie au Subway local: c'est quand même la bière de marque Carib qui est la meilleure, même si le sandwich reste à la hauteur de l'établissement – souper chez le Chinois pour Lison, Robert et moi, et à l'hôtel Hilton, de Sea foods, pour Nathalie, Suzi et Pierre – coucher pour tous à une heure plus que raisonnable sur un bateau devenu tout à coup immobile... ou presque.

       

29 janvier 2007
Distance parcourue: 5 mn – distance totale: 605 mn

À quai dans le port de Basse-Terre – Lever 7h45 – Pas de bain de mer pour le capitaine mais une petite douche à l'eau douce – déjeuner et Internet café en attendant le chauffeur de taxi qui nous amènera Lison, Robert et moi faire une visite abrégée (40$US) de l'île – les autres équipiers préfèrent un déjeuner au restaurant – nous visitons le centre ville et ses principales attractions, avant de suivre la route du nord-ouest qui nous amènera notamment à une sucrerie du 18ème siècle, au jardin botanique et au Fort Nelson que nous ne verrons que de la route – retour au bateau, puis épicerie – Nathalie a travaillé le dossier et a pu se procurer 6 magnifiques et grosses, énormes, langoustes, payées 100$US que nous mangerons au souper – nous visitons le musée national de St-Kitts où l'on nous présente notamment le premier roi de la Calypso, et des artefacts du temps des Caribes – nouveau retour au bateau où on prend les dispositions pour le départ, et alors que Denis échappe ses lunettes (ses shades) à l'eau – je contacte des pêcheurs qui viennent d'arriver mais l'eau est trop sale pour eux et ils n'ont plus d'air dans leurs bonbonnes -c'est finalement un garçon de quai qui propose ses services pour retrouver les lunettes à Denis, et qui y parvient, avec l'aide de Dieu, imploré de surcroît, après une vingtaine de tentatives – Alléluia! – Denis est doublement soulagé, de 50$Us d'abord, et d'avoir retrouvé ses lunettes ensuite – après le plein de fuel et de glace, nous repartons pour la baie de White House sans autre incident, sinon un extraordinaire souper de langoustes, obtenues grâce à la perspicacité et à la persévérance de Nathalie, et apprêtées au beurre à l'ail.

   

30 janvier 2007
Distance parcourue: 75 mn – distance totale: 680 mn

      

Au mouillage dans la baie de White House – Lever 6h15 et petit déjeuner oeufs et saucisses – il y a un peu de tension dans l'air car la traversée vers la Guadeloupe commencera par les Narrows, où dit le bouquin, les courants peuvent être très violents – Départ 7h00 – pour les Narrows, ça se passe comme du beurre dans la poêle, l'ordi et le GPS nous positionnant sans efforts entre les brisants, que nous ne verrons même pas, et Bobby Island constituant un amer inébranlable de dernier recours – le vent est toutefois bien établi dans le sud-est à 12-14 nœuds et il nous faudra naviguer serré – grand- voile un ris et génois également arisé – houle modérée toutefois – le bateau avance bien – et le vent ayant repris 2-3 nœuds, ça fonce maintenant à une vitesse de près de 8 nœuds – au large de Redonda, il y a un léger refus et nous devons abattre au 160°M – ce qui nous amène vers 13h15 dans le nord-ouest de Monserrat – on tire un bord dans le nord-est, puis retour sur notre cap initial, une fois franchie la pointe nord-est de l'île – une demi-heure plus tard, nous côtoyons la partie sud-est où le volcan a marqué sa trace – il y a encore des fumeroles et une longue colonne de fumée domine au-dessus de l'île – puis c'est la course vers la Guadeloupe et Deshaies, à plus de 8 nœuds de moyenne, Deshaies que nous atteignons vers 18h20, 20 minutes après le coucher du Soleil – on s'enfile entre les bateaux à l'ancre et on localise rapidement un petit site où nous pourrons mouiller tranquillement – relax à nouveau – et souper d'un peu n'importe quoi car la deuxième bouteille de gaz a déclaré forfait sans crier gare - pour ma part, ça sera mon deuxième sandwich pain pita et poulet, que j'avais gardé en guise d'en-cas – nuit tranquille en perspective – d'innombrables étoiles que vient gommer en partie une lune presque pleine.

 

31 janvier 2007
Distance parcourue: 30 mn – distance totale: 710 mn

Au mouillage dans la baie de Deshaies – lever 7h30 – bain de mer et natation pour le capitaine, qui n'a rien vu d'une loufoque altercation survenue plus tôt entre deux bateaux, dont un bateau d'Italiens, à laquelle les équipiers ont assisté – paraît qu'il y en a eu des mama mia – on déjeune à terre because le butane – petit café Internet, retour à bord avec une bouteille de rechange et peu de temps après une bonne odeur de café qui se répand tout autour du bateau –une fois les filles bien crémées, départ, saluant au passage un magnifique coursier italien – on longe la Guadeloupe à notre bâbord, moteur et grand-voile 1 ris, jusqu'à l'île Pigeon, site de la réserve naturelle créée à la suggestion de Cousteau – un paradis pour la plongée, comme le prouve la présence de plusieurs bateaux de plongée et de plongeurs – mais d'autres cieux nous appellent et nous reprenons notre route en direction des Saintes – au passage de la Pointe du Vieux-Fort, au sud-ouest de la Guadeloupe, le vent d'est augmente sensiblement de régime jusqu'à 24-26 nœuds, mais nous maintenons bonne allure, au 150°M, grâce à notre grand-voile 1 ris bordée à plat et aux 100 chevaux, tenus en laisse tout de même, de notre Yanmar – on fait un petit bonjour au Pâté en tirant un bord, tribord amure, puis on entre dans la passe du Pain de sucre avant d'affaler la grand-voile et d'aller se gîter sous la pointe Coquelet, devant Maison Blanche, par 6 mètres de fonds – j'aurais bien voulu dédouaner, mais je me présente 3 minutes trop tard à la mairie, fermée depuis 16h00 – les heures d'ici ne sont décidément pas celles de la métropole – quant à Robert, il peut réserver sa plongée avec bouteille pour le lendemain après-midi - retour au bateau, moi un peu penaud – 5 à 7 sous les lueurs échaudées du coucher de soleil – puis souper au resto où j'en remet pour la dorade, choix qui s'avère cette fois judicieux – puis on rentre tous à bord sagement.

1er février 2007

Au mouillage devant Maison Blanche, Les Saintes – pas de bain de mer pour le capitaine – petit déjeuner et débarquement pour le dédouanage, que la police locale met près d'une heure à compléter – retour à bord où s'organise cette journée de repos bien mérité – pour le capitaine et Lison, ce sera la visite du Fort Napoléon, réussie de justesse (ça ferme à 12h30) après que l'on ait mis plus d'une heure à obtenir notre scooter – vaudra mieux s'y prendre plus tôt la prochaine fois – puis on fera de la plage à Dom-Pierre pendant que nos co-équipiers se la coulent douce dans le cockpit – récupération de sous au marché 8 à huit: Lison et moi étions un peu limite - souper à bord pour moi et Lison de deux délicieuses darnes de dorade achetées le matin au marché à poisson local (ma recette: désosser la darne, fouetter les morceaux dans une panure italienne, faire revenir dans de l'huile avec des oignons, couvrir pour compléter la cuisson – c'est encore meilleur que la dorade de la veille au resto) – pour les copains, ce sera à nouveau le resto: Les petits Saints, dont les plats s'avèrent extrêmement délicieux et à la complète satisfaction notamment de Robert, de Pierre et de Denis – couvre-feu à 22h15.

2 février 2007

Au mouillage devant Maison Blanche, Les Saintes – Lever 7h30 – Bain de mer et natation pour le capitaine – vacation à terre pour vérifier si le scooter de la veille ne serait pas disponible en extension de contrat: impossible – puis on retourne au 8 à Huit pour proposer à la caissière l'échange de 22 bouteille de Loupiac contre 12 bouteilles de blanc sec, peu importe la marque – lors de l'achat, on ne savait pas qu'il s'agissait d'un vin sucré, vendu comme apéritif - après maintes hésitations, elle accepte finalement et nous procédons à l'échange – retour au bateau, où nous décidons de changer de place pour aller mouiller à l'Anse sous le vent de l'Îlet à Cabrit, ce qui me permettra d'aller voir le Fort Joséphine, et aux équipiers de plonger sur le récif qui borde l'île au sud-ouest – après que l'on ait levé l'ancre, on subit un grain inattendu avec une risée de plus de trente nœuds – pendant que l'on cherche à s'abriter temporairement, le vent soulève et renverse l'annexe tenu en laisse derrière le bateau – le malheur, c'est que le hors-bord y est toujours fixé, et qu'il se retrouve maintenant tête à l'eau – on récupère l'annexe, puis les rames, puis on s'esquinte à trois à redémarrer le moteur, sans succès dans un premier temps – direction l'Îlet à Cabrit où on mouille par 6 mètres de fond – Denis continue ses démêlés avec le Tohatsu et finit par le faire tourner en jouant avec le throttle et le choke – finalement bravo: nous avons à nouveau notre hors-bord en état de marche – Denis vient me reconduire à terre, et je gravis la colline jusqu'au Fort Joséphine, qui comporte notamment deux importantes citernes encore en état – plusieurs chèvres vivent par là, mignonnes et pas farouches pour cinq sous - retour à bord et plongée sur le récif à travers des bancs de milliers de petits poissons argentés – on met en route à 17h00, grand-voile un ris et génois arrisé – passage par la passe des Dames, cap au 170°M – vent de l'est à 24, puis 22 nœuds – mer avec des creux de 5 mètres, venant de l'est – Cajou file en grand à près de 8 nœuds de moyenne, avec une très légère gîte – c'est le quart de Denis et Lison qui débute – vers 19h45, nous tombons dans la dévente de la pointe nord de la Dominique – la lune est apparue entre temps et nous accompagne de sa lueur laiteuse, découpant de blanc presque phosphorescent les voiles sur l'horizon tout noir - le vent et la vitesse chutent sensiblement – c'est maintenant le quart de Pierre et Nathalie, puis de Suzi et Robert – une partie du trajet sous la Dominique se fait à moteur – vers minuit, le vent reprend progressivement de la force: nous allons quitter bientôt la protection de la Dominique.

   

3 février 2007
Distance parcourue depuis Les Saintes: 85 mn – distance totale: 795 mn

En mer au sud-ouest de la pointe sud de la Dominique – sous la main de Denis, de nouveau de quart, et avec des vents d'est de 20-23 nœuds, Cajou retrouve sa vigueur et fonce à nouveau au 170°M, à plus de 8 nœuds – je prend la relève au deux tiers du canal – la vitesse atteint momentanément 10,8 nœuds – vers 3h45, le canal est déjà franchi et nous ralentissons volontairement l'allure pour ne pas arriver trop tôt devant notre destination, la Grande Anse d'Arlet – nous y parvenons vers 7h00 et mouillons face à soleil éblouissant et déjà chaud au vent d'un flotte importante, par 4 mètres de fond – petit déjeuner et avant-midi libre pour tous, histoire de récupérer une nuit pas mal agitée – le reste de la journée se passe à l'avenant, chacun des équipiers prenant ses aises, sans que personne ne juge bon d'aller à terre – souper riz et poulet préparé par Nathalie – coucher tôt pour la plupart, aux sons d'une musique rythmée et endiablée venue de terre.

4 février 2007
Distance parcourue sur le fonds: 35 mn – distance totale: 830 mn

Au mouillage au fond de la Grande Anse d'Arlet – lever 7h00 et petit déjeuner – puis lecture pour la plupart – à 10h00, départ pour la Baie de Sainte-Anne où nous comptons passer la nuit avant de rentrer au Marin – le vent s'annonce assez fort, et nous prenons un deuxième ris dans la grand-voile, génois également arrisé – long bord dans l'ouest du Diamant, bâbord amures, puis virage tribord amures – il y a plusieurs bouées de pêcheurs au sud-est du Diamant, et nous en accrochons une par mégarde: il y a un câble et un flotteur derrière le bateau – nous tentons de nous en séparer en prenant la cape, bâbord amures – ce qui semble réussir, car on ne voit plus rien derrière – mais nous ne prendrons pas de chance et nous nous rendons à la voile dans la baie de Sainte-Anne, où nous nous ancrons, toujours à la voile, par 5 mètres de fond – je plonge voir la situation à l'arrière du bateau et effectivement, il y a un bout de câble et deux bouteilles plastiques accrochés autour de l'hélice – je libère le tout à l'aide d'un couteau – puis nous remouillons de nouveau au fond de la baie, sans autre mésaventure – fin de journée sans histoire et souper aux spaghettis, car les réserves s'amincissent - ce sera demain la dernière journée pour Robert et Pierre.

5 février 2007

Au mouillage dans la baie de Sainte-Anne – lever 7h45 – comme les réserves de vivre approchent de l'extinction totale, je propose d'aller quérir à terre du matériel pour le petit dej – Suzi m'accompagne dans l'annexe sous un ciel un peu tristounet, bien disposé à verser une petite larme de temps à autre – le village de Sainte Anne est joli et on ne tarde pas à trouver une boulangerie faisant face à une épicerie – ayant mis rapidement la main sur tout ce qu'il nous faut, on retourne au bateau sous un soleil timide – petit déjeuner à base de chocolatines pour plusieurs et d'un fromage ayant pris l'aspect d'un cerveau à découvert pour certain (Pierre) – avant le départ prévu pour 11h00, bain de mer mais pas de natation pour le capitaine – rentrée au Marin sans encombre – Curieusement Star Voyage nous répond sur le 72: il y a de la place pour s'accoster mais les techniciens ne seront disponibles qu'à 13h30 (je les imagine correctement en train de bouffer leur déjeuner sur la terrasse) – qu'à cela ne tienne, nous le ferons nous-mêmes – appontage par l'arrière comme des pros – et pied définitivement à terre – après-midi passé à des tâches diverses sans intérêt – souper à terre – coucher tôt pour tous.

6 février 2007

À quai au Marin – avant même le petit déjeuner, je fais les douanes, puis m'embrouille à récupérer toutes mes affaires: j'en aurai pour trente kilos en surcharge, sans toutefois de pénalité par le transporteur (ma bonne étoile ou mon air décidé et mes explications?) – la prise d'inventaire s'avère particulièrement pénible sous la supervision du chef d'île, l'air soupçonneux: il manque apparemment une partie de la literie et deux harnais (que je ne pense pas avoir pris au départ) – Ce seront les seules anicroches pour un voyages de 45 jours et de plus de 800 milles à travers les Caraïbes: je ne suis pas gêné, ni pour moi, ni pour l'équipage – on s'entasse finalement tous dans le taxi en route vers l'aéroport, le sourire fendu jusqu'aux oreilles: ce fut un beau voyage – Bravo à tous les équipiers pour leur enthousiasme, leur détermination et leur délicatesse...

Skipper : Jean Fortin
Second : Denis Hardy
Équipiers : Suzi Loubier, Nathalie Jodoin, Lise Nadon, Jean-François (1er quinze jours), Anne-Marie (1er quinze jours), Pierre Léveillé (mois suivant), Robert Denis (mois suivant)