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Au pays du tango 2

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Ma fugue au pays du tango
Parties 4, 5 et 6
par Sophie Chacoux, janvier 2005

4è partie.

16 MARS 2004. Nous quittons Jean-Pierre et Aldo à une des bifurcations du Rio Parana de Las Palmas pour prendre la canal Irigoyen qui nous permet de rejoindre le Parana Guazù. Que c'est beau... que c'est beau!

Aujourd'hui on croise de tout comme bateaux, mais en tailles plus réduites. Beaucoup transportent du bois... quand ce ne sont pas des barges avec des tracteurs ou tout autre engin hétéroclite.


A la barre de Theva sur le Parana Bravo - Trafic insolite sur le Rio Bravo

Les gens nous font des signes, on leur répond. Nous sommes au moteur. On se permet le génois de temps en temps, notamment quand on arrive dans le Parana Guazú. Puis on reprend encore un canal, le Nelson Page cette fois, où on est seul et archi seul (ah ça fait du bien!). Seuls avec seulement la pampa à tribord, la pampa à babord. Sur les rives il y a plein de petites cabanes, en bois pour la plupart. Il n'est pas riche le coin, mais il a une âme!

En le descendant on rentre sur le Parana Bravo. Autre dimension... autre trafic... Tout est très bien balisé, les signalisations sont à l'envers des européennes. Dans notre descente, c'est vert tribord, rouge bâbord, on s'y fait très vite. Il y a beaucoup de bouées cardinales... et aussi beaucoup de bouées kilométriques.

On suit une petite journée ce Rio Parana Bravo et c'est sous un magnifique coucher de soleil qu'on passe dans le Rio Uruguay. Là, tout change. Non seulement la végétation mais le fleuve par lui même. Le Rio de la Plata est bien loin en aval. Mais on le sent... je ne sais l'expliquer, c'est comme si on humait un peu de la mer. Pourtant il est bien loin l'océan! Depuis Zarate, nous avons fait 43 milles nautiques dans les méandres du Delta.

17 MARS 2004. On le traverse pour faire notre première escale de l'autre côté du fleuve, dans un magnifique petit port où Theva doit rentrer en marche arrière en visant bien le centre du chenal. Car il n'y a pas d'eau bien sûr! Mais sur ce coup on peut passer. Nous sommes à Nueva Palmira, en Uruguay.


Nueva Palmira en Uruguay : un havre de paix

Difficile à décrire cet endroit, il appartient au siècle dernier.

Le lendemain il faut faire la clearance, mais tout est d'une simplicité ici! Tout est regroupé au même endroit, les bureaux sont à quelques mètres les uns des autres.

Je veux photographier le drapeau du pays devant la petite préfecture maritime. On me le refuse tant que je n'ai pas rempli ma fiche et qu'ils n'ont pas vu mon passeport. Mais après, c'est l'euphorie, les employés se mettent avec moi sous leur "bandera" car la permission est généreusement accordée.


Sous la "bandera" uruguayenne de Nueva Palmira

C'est là que j'ai rencontré les premiers indiens guaranis... du moins leurs descendants. Ils sont très typés. En fait je les confondrais facilement avec des chiliens ou des péruviens, il y a un sacré mélange de sangs dans le coin.

Ces gens adorent parler de leurs origines et c'est ce que fait la responsable de la petite agence de tourisme de Nueva Palmira. Elle est guarani et elle n'arrête pas de parler... parler... parler... Et en plus c'est interessant ce qu'elle raconte, ils ont plein de légendes noyées entre extraordinaire et réalité.

Dans les rues du village les gens se déplacent à cheval quand ce n'est pas dans des voitures, archi-bien entretenues, mais appartenant au début du siècle ou aux années 40 et 50 pour la plupart., on a l'impression d'être figurants dans un film d'époque!


Relax... à cheval, c'est normal!

Pas d'embouteillages dans les rues, pas de feux clignotants, seulement des passages piétons que tout le monde respecte... à pied, à cheval à vélo et en vieilles carlingues. On croise les Vespa et les Solex qui ont nos âges.


Solex à vendre - Rue de Nueva Palmira

Il y a un cirque... également comme au siècle passé. Tout y est archaïque. Faut voir la roulotte, je n'en ai vu des "comme ça" que lorsque j'étais toute petite, chez les romanichels du midi de la France! Des employés du cirque repeignent des petites voitures en fer de l'unique manège en mettant le nom de Schumacher sur l'une d'entre elles, trop drôle. Les kartings sont également en fer et sont... d'enfer!


Cirque d'un autre temps...

On se fait tirer le portrait à l'ancienne devant une grande photo de Montevidéo... on s'y croit.

Dans le fleuve devant la plage de sable blanc il y a une épave qui date... oh la-la... de bien longtemps sûrement, il ne reste plus que des lattes de bois à marée basse, on dirait un gros poisson.

Au resto du soir on avale encore de la viande au barbecue... mais elle a un petit "moins" par rapport à celle des cousins argentins. Jean-Pierre, tu n'es plus là pour me raconter les animaux de la pampa. Tu me manques. La viande en perd de sa saveur.

A Nueva Palmira, j'ai croisé le grand frère d'Enomis, l'Amphitrite. Je me suis demandée comment il avait bien pu faire pour entrer dans le port. Ce qui veut dire, que, si je veux, je peux refaire le périple Theva avec Enomis? Je n'en reviens pas, j'en suis transportée de joie, je veux revenir ici, je veux refaire cette navigation dans le Delta. C'est trop prenant, on navigue sur une autre planète! Nous restons plusieurs jours à Nueva Palmira.

Mardi 23 MARS, 14h30. Nous quittons Nueva Palmira à marée haute sous un soleil chaud (26º dans le cockpit), mais un ciel légèrement voilé. Un bateau-taxi en partance pour Buenos-Aires nous suit.


Navette Uruguay-Argentine

Nous mettons le cap vers le Sud pour une prochaine étape, Carmelo, toujours en Uruguay. Nous sommes sous spi et le moteur nous aide à petite puissance (1 450 tours). Un doux ronron... Nous croisons quelques gros youyous. Il y a des silos sur la berge uruguayenne, il faut dire que par ici la région est très agricole.


Trafic dans le canal commercial

L'entrée de Carmelo semble pour le moins délicate, Theva a des difficultés pour prendre le chenal, Il n'y a pas d'eau... 1m 70... et ça n'arrête pas de descendre. Le moteur est au ralenti, on espère ne pas toucher. Curieusement les bouées ne semblent plus être à leur place... à moins que le canal d'entrée se soit déplacé? On se pose des questions, ce qu'on voit n'est pas conforme à nos cartes Maxsea ni au cartes nautiques régionales. Plus d'eau!

Le capitaine met marche arrière vite-fait-bien-fait pour pouvoir dégager au plus vite en cas de touche-touche avec le fond. On regagne peu à peu quelques centimètres. Au large un tanker passe bien au centre du canal commercial principal... il doit se poser des question sur ce petit voilier au taud jaune qui navigue à reculons...

"Cap'tain Fracasse" est de mauvaise humeur: "un piège à cons", dit-il! Il n'a pas tort.

Le problème actuel est que la nuit commence à tomber. Où va-t-on aller planter l'ancre? Car c'est la seule chose qui nous reste à faire.

Programme annoncé avant la nuit : passer de nouveau en Argentine et aller mouiller dans un tout petit Rio à l'entrée du Parana Guaçu. On traverse vite le canal central et on arrive de l'autre côté.

J'invente une chansonnette: "Parana Guaçu nous revoilà, nous revenons dans tes bras"

On aperçoit plus loin une sorte de tourbillon. Il y a du clapot. "S'il y a du clapot c'est que ça ne va pas dans le même sens", me dit Alain.

On réalise qu'il est sûrement dû au fait que plusieurs cours d'eau se jettent ensemble au même endroit. En tous cas il est certain que le Parana Guaçu et le Rio Uruguay s'y rencontrent. On n'ira donc pas jusque là!

Le petit chenal visé est noté sur la carte comme étant Guaçucito. Quand à l'adorable petite île qui apparaît en face, eh bien elle s'appelle Guaçucita. C'est poétique à souhait!

La petite bouée cardinale avec son "E grec" comme je l'appelle, nous indique qu'il faut passer à l'Ouest du compas. Mais hélas pas d'eau, à croire que tout est asséché dans le coin. Pourtant les cartes disent bien que... Décidément, elles sont toutes truffées d'erreurs au niveau des profondeurs.

Theva ne peut pas rester là pour la nuit, depuis l'île le gardien qu'on n'avait pas vu nous avise par radio que ce n'est pas prudent. Le soleil décline de plus en plus. Alors on reprend la direction de l'Uruguay.

Dans l'après midi on a aperçu une petite plage de sable blanc avec un mât dessiné devant, on décide d'y aller. 
Je suis à la barre... Sur ce coup, "miss Connerie", c'est moi!

Cap'tain Fracasse me donne un cap à suivre, je le prends scrupuleusement. On commence à ne plus rien y voir, il faut faire vite, on veut re-traverser le canal commercial. Et là... une drôle d'impression subite. Theva se met à grimper sur du "mou" et à s'arrêter d'un coup. On est projeté en avant.

Paf!... Planté! Alain met le Zodiac à l'eau... le moteur de 15 CV... il prend une ancre... sept fois la profondeur en chaîne... et va la planter à je-ne-sais-combien de mètres sur le côté. Sophie, pendant ce temps s'accroche à la barre et met le moteur à fond... Si l'ancre ne prend pas il est prêt à rallonger avec une centaine de mètres d'aussière déjà préparée, mais ça prend! Petit à petit je sens le bateau tourner. Mais ce n'est qu'une heure après, la nuit largement tombée, que Theva reflotte vraiment sur sa quille.

C'est vraiment TRÈS lentement et le coeur battant qu'on est parti et que, TRÈS vite, on a traversé le canal central et qu'on est arrivé, un peu au petit bonheur à la chance, à l'endroit où on se rappelait avoir vu le voilier mouiller l'après-midi. Impossible de voir la couleur du sable et les moustiques étaient là en comité d'accueil.

On se shoote à la caïpirinha et on avale un saucisson pour nous remonter le moral. On s'en souviendra! Nous sommes de nouveau en Uruguay.

 

5ème partie

Mercredi 24 MARS 2004, 8 heures du matin. La plage devant laquelle Theva a mouillé par plus ou moins six mètres de fond est très jolie. Mais déserte. C'est la brousse!

On reparle de notre épopée d'hier. En fait on se rend compte qu'on aurait dû regarder l'hydrographe avant de partir pour Carmelo, on n'a pas fait, et c'est pour ça qu'on n'a pas pu entrer dans le chenal. Il fallait connaître le marnage. Hier, quand Theva s'est engagé dans le chenal, la marée était basse.

On repart non sans un petit problème mécanique : le convertisseur nous lâche. Peut-être est-ce les à-coups donnés hier pour se dégager du plantage ? Toujours est-il qu'un fusible a sauté. Alain connaît, il me dit que c'est une panne régulière sur son Beneteau, il répare.

On a sous le nez la carte 130, qui semble être la plus précise. Depuis que nous somme dans le Rio Uruguay, nous avons souvent notre côté tribord en Argentine et notre côté babord en Uruguay, c'est plutôt marrant.

On file 6 noeuds sous génois et moteur. Les bouées rouges sont toujours babord et les vertes à tribord puisque nous allons plein Sud. On va s'engager dans le "coude de l'enfer"! Brrrr... Qu'est-ce que cela nous réserve?

On aperçoit la bouée de séparation de trafic. Nous somme en plein devant l'île Martin Garcia qui est concession argentine. Elle est site protégé, interdite d'accès.

On est sous pilote, un bon pilote hydraulique, un brave Brooks qui a l'air de bien tenir depuis le départ d'Europe. On croise notre premier gros bateau de la journée, il s'appelle Ouragan... je pense qu'il transporte du gaz., il a un pavillon rouge, signal de matière explosive en tous cas. 
Nous, on est au près, foc bordé. On le borde un peu plus pour être encore un peu plus au près... Cette navigation ressemble enfin à une navigation de "mer".


Navigation en redescendant le Rio de la Plata

Il y a bien 3 milles de largeur sur la partie du Rio Uruguay où nous navigons actuellement. Nous avons actuellement 10 mètres de profondeur et on va passer à 6 mètres, y'a intérêt d'être vigilant! On suit actuellement un cap 128.

On passe devant l'île Thimotée Dominguez qui appartient à l'Argentine. Elle sépare le Rio Uruguay en deux parties. A ce niveau on est en train de rentrer dans le Rio de la Plata qui, lui, est en connection directe avec la mer. Tout autour de Theva il y a des zones de hauts fonds assez visibles, soit parce qu'ils sont à fleur d'eau, soit parce que des oiseaux sont posés dessus. On passe dans un canal de 2 mètres d'eau seulement en se disant qu'on n'a pas intérêt d'en sortir pour l'instant... D'accord on ne se ferait pas très bobo si on se plante puisque ce n'est que du sable ou de la vase, mais, se souvenant de l'expérience de la veille, on préfère quand même mieux éviter!

Le long de la côte on aperçoit par endroit des débarcadères qui sont les arrêts du bateau-taxi qui va jusqu'à Buenos Aires.

34º 14 S et 58º 03 W. Cette fois nous sommes définitivement dans le Rio de la Plata. Un monstre des mer nous croise dans le canal. On serre encore les fesses...

Les plages qui longent le Rio de la Plata côté Uruguay sont assez exceptionnelles. Je ne m'attendais pas à voir de si beaux paysages.


Plages d'Uruguay sur le Rio de la Plata

Sans talonner (une chance!) Theva s'est approché d'une de ces plages. On se croirait facilement dans un coin du Pacifique, sauf que la mer est très alluvionneuse, sans fonds transparents ni langoustes qu'on peut attraper à la main. On ne distingue plus du tout les côtes argentines qui doivent être à une trentaine de milles de distance maintenant. Quand on sait que l'embouchure fait 400 km de large, il n'est pas étrange que, par endroit, on ait l'impression d'être au milieu d'une mer! C'est très-très joli. Seule la couleur de l'eau, cette couleur si typiquement "terre", nous rappelle que nous sommes dans le Rio de la Plata.

On n'a pas le droit de prendre le canal commercial... mais Theva s'y engage. Faut dire qu'en ce moment il n'y a aucun trafic. On se sent seuls au monde. On ferme quand même la radio pour éviter qu'une voix sortie de nulle part nous jette de l"autoroute" où on se sent en toute sécurité. Nous y voguons tranquillement sur 10 mètres d'eau. Nous sommes devant l'entrée du Rio San Juan.

Un ancienne tour qui domine toute la Plata nous le signale facilement. Les plages de l'embouchure font penser à nos plages d'Aquitaine. Quant au parc de verdure naturel alentour, il semble merveilleusement bien entretenu. Et pour cause... souvent dans ce parc se réunissent les chefs d'états des pays voisins, tout simplement parce qu'il y a dans ce parc une des résidences présidentielles.


Entrée du Rio San Juan - Paysage d'Aquitaine en Uruguay

On ne sait pas si on doit oser... mais pourtant on le fait. On s'engage dans ce petit Rio San Juan qui nous semble si attractif. Tout le long il y a des interdits: Interdit de pêcher... de s'arrêter... de pique-niquer...

On voit notre première tortue (oh, petite, d'une envergure de 40 cm peut-être!)... mais une tortue. Tout le long de la remontée de ce cours d'eau on verra des biches courir dans la nature.

Ce n'est pas moi à la barre cette fois! Je préfère... Parce que cette fois le choc est violent. Re-plantage! On est jeté en avant dans le cockpit environ deux milles en aval de l'entrée du Rio.

Qu'est-ce que c'est?... une roche, un tronc d'arbre, les restes d'un vieux débarcadère? On ne plonge pas pour voir.

Toujours est-il que cette fois on met deux bonnes heures à s'en sortir. Annexe... le gros 15 CV... la chaîne... les aussières... des ancres par l'avant... par l'arrière... sur le côté... et on recommence... Tout y passe! Moi toujours aux commandes et au moteur. Finalement c'est au guindeau qu'on réussit à tourner le bateau... et à le sortir!

Ouf, j'ai vu le Cap'tain Fracasse un peu inquiet. Surtout que la marée descendait et on s'est vu passer la nuit au fond de cette forêt dense! On ressort de là vite... mais doucement... très doucement...


Position du Rio San Juan - La matelote au pied de la tour du Rio San Juan

Sur une des cartes par la suite on constatera que le rio San Juan n'a qu'un seul rocher... celui qui a été le nôtre aujourd'hui!

19 heures. Theva passe la nuit calmement ancré au niveau de l'embouchure. J'ai rarement admiré un aussi beau coucher de soleil sur le Rio de la Plata.

Jeudi 25 MARS 2004. On quitte le Rio San Juan avec 2 mètres d'eau. Quel plaisir! On suit les bouées.

Pas très loin deux bouées jaunes nous signalent une épave. On passe à côté, elle est de taille, au moins 100 mètres de long! Un pampero a dû passer par là... à moins que le capi de ce monstre se soit endormi aux commandes... mais j'en doute. On voit qu'elle n'est pas un cas isolé, sur la carte on en mentionne un tas d'épaves! Ça fait froid dans le dos...

On n'est pas encore dans le chenal et il n'y a que 5,40 mètres d'eau exactement. Cool... Deux bancs de sable sont indiqués sur la carte.

Du coup on entre vite dans le canal commercial où le trafic est plutôt calme en ce moment. On constate que dans cette zone des bateaux draguent en permanence les fonds.

 

6ème partie. Jeudi 24 MARS 2004. On fait une approche par le Nord pour entrer à Colonia de Sacramento. On contourne une île comme indiqué, tout semble facile. Il y a un petit voilier devant nous, on le suit. On prend la direction du vieux port où il y a une centaine de places au mouillage. La profondeur est de 3 mètres, il n'y a pas de problème. On sait qu'il ne faut faire très attention aux vents de N ou S et ne jamais s'arrêter à Colonia en cas de pampero. Dans ce cas il vaut mieux s'échapper vers le Nord. Mais en cette période la météo est excellente, on n'a aucune d'inquiétude.


Theva sur son drôle de mouillage à Colonia de Sacramento

Colonia est un port franc, et la ville ressemble à... notre petit St Tropez français, sauf que tout y est bien moins cher. Aujourd'hui je me demande encore si j'aime ou si je déteste... Toujours est-il que Colonia ne laisse pas indifférent.

C'est plein de pavés, c'est rustique, on y rencontre autant de voitures de collection que les derniers modèles sur le marché, les hyper-mercados sont plein de nourriture à l"européenne". Les cybercafés sont dans tous les coins de rue, les boutiques sont du dernier cri. La nourriture des restos n'est pas terrible par contre.


Trafic de rue dans Colonia de Sacramento en Uruguay

On reste quelques jours à Colonia de Sacramento pour visiter en terriens les alentours. Theva est curieusement amarré, il est à la fois sur bouée et attaché au mur, les amarres très relâchées. Il a l'eau et l'électricité, mais par mer basse il talonne.

On croise des argentins de la région du Nord, plus exactement de la ville de Mercédes. Un papa et sa fille qui ont pris par habitude de naviguer ensemble. Ils n'ont pas leur pareil pour nous parler de leur coin et surtout du fameux Rio Negro.

Ils sont remontés au Brésil et ils ont fait aussi Ushuaya. Je les écoute. On n'est pas loin du Grand Sud ici! 2000... 2500 km, c'est la porte à côté. Je me surprends à rêver...


Mon rêve tout près...

28 MARS 2004.  Le soleil nous accompagne une dernière fois pour notre retour vers l'Argentine. Theva sort de Colonia sans se poser aucune question. Tout est parfaitement indiqué. On passe devant un adorable petit ilot avec un joli petit phare tout blanc sur son sommet : l'isla de Farallòn.


Isla-phare de Farallòn

Nous prenons un cap sur Buenos Aires, nous sommes à 30 milles des côtes argentines. Petit à petit c'est la ville de la Plata qui se dessine puis la ville du tango se rapproche, ENORME!

On traverse le fameux canal Emilio Mitre. On est sous voiles, on navigue, on commence à croiser d'autres voiliers. On se met dans le canal d'accès à Buenos Aires où la profondeur est en moyenne de 4 mètres, c'est Byzance!

La mégapole se rapproche, il est 19 heures. Comme le jour décline Théva s'engouffre dans la première marina qui se présente. Il faut dire que la nuit n'est pas loin et qu'il y a très peu d'eau sous la quille, on ne veut pas prendre de risques. Un bateau nous ouvre la route et avec lui nous entrons dans le bassin de Puerto Nuñez.


Puerto Nuñez et la civilisation retrouvée

L'Argentine est loin d'être aussi calme que l'Uruguay que nous venons de quitter. Il y a du bruit et beaucoup de gens, sur terre comme sur l'eau, mais il est vrai que, quand il fait beau, beaucoup de monde va "promener son chien" comme ils ont l'habitude de dire ici en sortant leur canote.

Si les deux pays sont très proches ils sont bien différents.

30 MARS 2004. Je repars à Buenos-Aires... par la route. J'abandonne le "Cap'tain Fracasse" à Puerto Nuñez. Toujours un peu bizarre de se quitter... Avec Théva ils vont remonter "hiverner" au Brésil.

J'ai accepté l'invitation de Rodolfo. Il tient à m'offrir pour quelques jours l'hospitalité sur Cusi, son petit bateau, qui est à la marina du centre ville.

Il me fait visiter les quartiers chauds du tango... Avec lui je m'imprègne encore un peu plus de culture argentine. J'apprends son pays.

BUENOS AIRES. Dans la très jolie marina de Puerto Madero, j'ai une autre vision de l'Argentine.


Corvette des mers australes à Puerto Madero de Buenos Aires

J'y cotoie des personnages hétéroclites riches en histoires colorées. C'est le "clans" des marins du coin. Ils paient!... Ils sont imparables!

Il y a entre autres:

- Aldo... qui a fait je-ne-sais combien de fois le tour du monde...

-  Edouardo, toujours sur les ondes, c'est l'incontournable routeur d'Amérique du Sud, on l'appelle aussi "l'ange gardien". Il est l'ange principal d'un groupe d"anciens" qui ont fait de la radio leur hobbie.

- Roberto... "phénomène" de 72 ans qui est en train de finir de construire un bateau sur un autre bateau, le Mar del Vigo, qui, lui-même, sera peut-être un jour bateau océanographe!

- Rodolfo... le scientifique amoureux du Parana et dont la présentation n'est plus à faire...

Et puis à Puerto Madero, j'y ai aussi la plus merveilleuse et la plus inattendue des surprises: le bateau Ahes et son équipage sont sur le même ponton, à quelques mètres de Cusi!

On passe des heures et des jours à parler de nous, de nos canotes, de notre passé quand on s'était rencontré quatre ans plus tôt dans un petit port marocain... mais on parle surtout de nos projets.

Et puis grâce à eux je sais combien les "bises" des fronts froids et des pamperos sont redoutables!


Passage d'un pampero sur le Rio de la Plata