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Science et fiction

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Entre science et fiction
Ma rencontre du troisième type
par Sophie Chacoux, mai 2005

Il était parti un vendredi 1er avril d'Arcachon... comme si rien des traditions terriennes ne pouvait retenir ce navigateur hors du temps: Yves Parlier:

  

Je n'en crois pas mes yeux quand " Médiatis Région Aquitaine ", ce grand oiseau coloré, entre dans mon port canario. Depuis l'intérieur de la marina, sur Enomis, je suis du regard ce drôle d'OFNI surmonté de deux mâts qui passe à fière allure derrière la digue.

LAS PALMAS de GRAN CANARIA

Mercredi 6 avril 2005. Yves Parlier, l' " Extra-terrestre ", est arrivé. Ce surnom a été gentiment donné à Yves en 1991, lors d'une " Solitaire du Figaro ", suite à une option météo prise sur une simple intuition, (complètement loufoque aux yeux des participants), qui laisse alors les autres concurrents loin derrière... et lui permet de gagner la course. 

Aujourd'hui, le " martien " et ses équipiers viennent de surfer sur une distance de 1 400 milles avec des pointes fréquentes entre 30 et 35 nœuds. " Il éclabousse sur les côtés " me dira l'équipage en avouant être arrivé à 25 nœuds dans les accélérations inter-îles peu de temps avant d'affaler.

  

Une annexe " Bombard " avec 140 CV aux fesses les aidera à se mettre le long du ponton: L'hydraplaneur n'a pas de moteur.

" Médiatis Région Aquitaine " est là. Le navigateur de " l'eau-delà " se pose à Las Palmas de Gran Canaria. C'est une chance pour Enomis et moi qui venons de revenir dans ce grand port. Nous sommes presque... juste à côté !


Yves Parlier, mon voisin de ponton

ET SI ON PARLAIT DE "MÉDIATIS REGION AQUITAINE"?

L'an dernier, en 2004, l'hydraplaneur a participé à deux courses : Québec-St Malo et la Transat anglaise.

Cet l'hiver, Yves Parlier, toujours assisté de sa fidèle équipe, a testé le catamaran et son nouveau plan de voilure sur le bassin d'Arcachon pour mieux repartir à l'assaut des vagues. Maintenant il doit mieux passer au près et glisser au portant. Le redan a été revu et corrigé. On lui a fait une liposuccion de 700 kg... Bref, on constate que pas mal de modifications ont été apportées à la grosse "libellule". Sauf à l'intérieur qui reste spartiate : il n'y a rien!

Yves est content. A l'entendre, "Médiatis Région Aquitaine" va maintenant beaucoup plus vite. Il associe cette période à celle d'une validation scientifique mais n'hésite pas à dire: "le programme de recherche n'est pas terminé, nous avons encore à apprendre, à tester et à valider le concept..."

Et si Yves Parlier vient aux Canaries, c'est pour rencontrer des nouvelles conditions de vent, pour faire de nouveaux essais et en tirer des conclusions.

SON CHALLENGE:

Battre le record de distance parcourue en solitaire en 24 heures. Comme en cette période de l'année les alizés sont chatouilleux par ici, ce sera l'idéal pour pousser l'hydraplaneur.

"Ce record correspond à la distance parcourue prise en ligne droite d'une position du bateau à un instant T jusqu'à une position du bateau 24 heures plus tard (T + 24)." L'arbitre sera le GPS du bord couplé à un envoi automatique d'informations qui sera vérifié avant et après le départ.

"Médiatis Région Aquitaine" est équipé d'un Inmarsat Mini-C de France-Télécom. Soulignons que c'est Laurent Bourgnon qui le détient ce record, depuis 1994, avec 540 miles à une vitesse moyenne de 22,5 nœuds. Yves et son équipe resteront tout le mois d'avril à Las Palmas... pour essayer de faire encore et encore mieux!

Quand on sait quel palmarès est accroché à "l'extra-terrestre", on peut tous y croire!

Ce palmarès a commencé avec la Mini Transat gagnée en 1985 où Yves voguait sur son propre bateau et sur ses 24 ans florissants.

Par la suite il est difficile de compter ses trophées tant il les accumule. Il a gagné toutes les routes : celle du café, de l'or, du rhum... La transat anglaise, la solitaire du Figaro... Il a eu la chance de naviguer avec Tabarly. Il a eu le privilège d'avoir la petite Hélène Mac Arthur comme coéquipière dans la transat Jacques Vabre.

Quant au Vendée Globe 2000, on l'a vu arriver 13ème avec un mât cassé et réparé en cours de route dans des conditions assez cocasses. Mais après avoir franchi la ligne d'arrivée aux Sables-d'Olonne devant 100 000 personnes, au bout de 126 jours et une vingtaine d'heures, il sera non seulement vainqueur pour lui et sur lui-même, mais avant tout dans le cœur des français.

Le Vendée Globe est la seule course qui manque encore aujourd'hui à son palmarès. Allez, un extra-terrestre ne s'avoue jamais vaincu, n'est-ce pas?

Et en attendant, il a décidé que 2005 serait son année de records en solitaire.

Yves est infatigable. Marié, papa de deux enfants, ingénieur spécialisé en matériaux composites, il vit à Arcachon où il lui est facile de naviguer, créer, et faire ses expériences sur un plan d'eau unique en son genre.

Les sports extrêmes sont ses hobbies. C'est d'ailleurs en parapente, en essayant une voile, qu'en 1998 il fait une chute de 200 mètres où il se fracture le tibia, le péroné, la hanche et se lèse le nerf sciatique. Mais il n'abandonnera pas pour autant! Et c'est tout naturellement que sa passion pour la voile le conduit à en faire son métier.

Il ne faut pas oublier non plus qu'Yves est aussi passionné par une autre science, au point d'être pour 2005 "Parrain de l'année mondiale de la physique". Consécration qui n'est pas des moindres!

C'est en 2000 qu'une idée folle commence à lui trotter dans la tête quand son mât se brise lors du "Vendée Globe" au Sud des cinquantièmes hurlants: construire un catamaran à coques à redan.

Mine de rien, c'est cette idée qui l'aide à trouver l'énergie pour réparer et repartir vers le Horn. Car s'il laisse tomber, c'est sûr, tout le monde le laissera tomber, lui et son rêve! En contrepartie, même s'il ne le réalise pas bien, son arrivée dans cette transat lui permettra d'acquérir la notoriété qui lui sera utile dans le futur. Mais ça, il ne le sait pas encore...

Finalement, Yves est un bien bel exemple de détermination, de rigueur et de volonté... tout comme il peut être un "Robinson des mers" sacrément bien organisé!

Yves ressemble à Tabarly sur bien des points! Il est, comme a pu l'être Eric, ce qu'on peut appeler un "skipper visionnaire". Il a l'esprit d'innovation tout en restant nature ayant un véritable respect des hommes et de l'environnement.

Comme Tabarly hier, Parlier participe aujourd'hui à l'évolution de la voile de haut niveau. "L'Extra-terrestre" est à l'origine de nombreuses solutions dans les domaines de l'architecture navale, des matériaux composites, des aides à la navigation et dans bien d'autres encore...

En l'an 2000 Yves abandonne le monocoque pour le multicoque. L'idée d'un "bateau-volant" à deux coques germe... grandit... et naît. "Médiatis Région Aquitaine" voit le jour sur le bassin d'Arcachon, en Gironde, le 31 janvier 2004.

Yves reprend et développe avec son équipe le principe des fameuses coques à redans, idée première de Jean-François Morice, ingénieur sup-aéro aquitain qui avait laissé tomber idée et expériences dans les années 80.

Il ressort ce projet qu'il trouve génial et constate, après essais, que les coques à redans sont particulièrement fiables. Les différents tests qu'il fait le confirment. On diminue les frottements, on diminue la surface mouillée, et le bateau "décolle"

Les coques à redans ne sont pas compliquées et en plus elles sont performantes. On dira avec des mots simples qu'elles permettent au bateau de planer à la surface de l'eau à partir du moment où il atteint une certaine vitesse. On peut les comparer aux foils. Ce sont tout simplement des patins d'hydravion.

Dans le cas de l'hydraplaneur, la surface en contact avec l'eau passe de 30 m2 au repos à 3 m2 en situation de "décollage"

Pour Yves Parlier, "Médiatis Région Aquitaine", c'est son 6ème bateau, sa petite révolution technologique à lui, son rêve, son dernier bébé.

La réalisation de ce projet sportif va se faire au cœur d'une région que "l'Extra-terrestre" adopte à part entière: l'Aquitaine. Il faut dire qu'il associe toujours ses projets à de grandes entreprises, des PME, des universités et des collectivités de la région, cette région dans laquelle il ré-investit beaucoup de son budget.

Il associe donc l'économie locale et régionale à la construction de ses bateaux. Il crée son chantier naval à Larros, un chantier futuriste fait de deux immenses hangars, sur le bassin d'Arcachon.

Yves Parlier dit qu'il se sent porteur d'une grande responsabilité... Ça va de soi! Il avoue que chaque fois qu'il y a avarie ou casse, il culpabilise pour ceux qui ont cru en lui... il sait que parfois ils sont encore plus déçus que lui.

  
La fidèle équipe à Las Palmas: Benoît, Papo,

  
Stéphane, et Romaric Neyhousser, ingénieur en mécanique des fluides, architecte, en charge de la conception générale et des études

Le bateau est construit en carbone pré-imprégné d'époxy "nid d'abeilles". Ce sont des centaines de couches de carbone dans lesquelles s'intercale un matériau composite alvéolé qui permet d'amortir les chocs sans alourdir le bateau.

Après quelques cuissons successives, une demi-coque ne pèsera pas plus de 200 kg. C'est pas lourd!

Résumons: 18 m 28 par 15 m 05... 5 tonnes... coques à redans... des ballasts... doubles gréements... 120 m2 de voiles (ça fait 700g/m2) faciles à hisser... et un design impressionnant.

Ce sont 30 000 heures de travail!

Ce catamaran a un look futuriste. Sa coque "hydravion" lui permet de planer à la surface de l'eau à partir du moment où le bateau atteint une certaine vitesse. L'Extra-terrestre affranchit son multicoque de la poussée d'Archimède.

Si tout va bien, "Médiatis Région Aquitaine" pourra atteindre une moyenne de 40 nœuds avec des pointes de 45. Jusqu'à présent, seules les planches à voiles détiennent ce record avec une pointe récente enregistrée à 49,50 nœuds!

Pour la conception de l'Hydraplaneur, Yves s'entoure d'une équipe musclée, tous ingénieurs mais avant tout marins: Ingénieurs en architecture navale, en génie mécanique, en mécanique des fluides... presque tous issus de la mini-transat.

Ils ont choisi d'être leur propre "architecte" pour ce bateau. Et tous les marins de l'équipe naviguent un jour ou l'autre avec Yves, ce qui est idéal pour faire évoluer le projet. Les essais sont faits en bassin de carène où des souffleries sont prévues à cet effet.

Le catamaran est sponsorisé par son partenaire financier d'où il tire son nom: "Médiatis". Mais il a aussi derrière lui la "Région Aquitaine" et "France Télécom"... et bien d'autres sponsors.

Trouver des sponsors n'est pas une mince affaire avoue Yves! Ceux qu'il a choisi mettent à sa disposition des moyens humains et des soutiens techniques.

Si on prend le cas de "France Télécom", cette compagnie avait aidé Yves dans ses précédentes courses. Elle s'est donc volontiers associée au projet "Médiatis Région Aquitaine". "France Télécom" participe aujourd'hui au défit d'Yves Parlier en mettant à sa disposition ses solutions de communication.

Yves confirme: "Il n'y a pas d'ingérence des financiers dans nos projets sportifs. On n'en n'a pas besoin, en sport on a toujours envie d'être le meilleur".

La course au large est avant tout une compétition où il faut des résultats pour convaincre. Yves implique surtout son équipe à terre qui le suit, le soutient, l'aide et se sent forcément concernée. Normal, toutes les décisions ayant été prises en commun de manière "collégiales". L'argent n'est surtout pas la motivation première!

1er ESSAI AUX CANARIES
Lundi 12 avril 2005.
Départ Las Palmas de Gran Canaria

Yves est parti dimanche quelques minutes après minuit pour aller se positionner au Nord des îles Canaries après une petite remontée au près d'une quinzaine d'heures. Tout allait bien mais le pilote a fait un caprice dans les alizés.

Empannage violent... 5 lattes brisées... une des G.V qui se déchire...

Malgré tout Yves reste positif. Avec cette expérience "Médiatis Région Aquitaine" lui a susuré dans le vent plein d'infos pour qu'il apporte encore et encore d'autres modifications. Ce qu'il va faire. Un des cockpits avant départ.

Mercredi 14 avril

"L'Extra-terrestre" touche terre. "Médiatis Région Aquitaine" rentre à Las Palmas de Gran Canaria. Le "voilier" vient à bord, on sort la G.V, elle part à l'atelier, on répare. Le pilote est changé... et des modifications sont apportées. Pour Yves il n'y a ni heure ni position pour la... vérification!

Vendredi 23 avril

Jour d'essai technique. Ballade d'une journée pour un gros rond dans l'eau sous soleil radieux. L'auto-pilote a été remplacé. Tout baigne

2ème ESSAI AUX CANARIES
Samedi 24 avril

Ce n'est que dans l'après-midi qu'Yves a pris la décision de partir: Ce sera ce soir! Un soir de pleine lune, un ciel juste nappé de quelques nuages-chantilly qui commencent à se dessiner sur une nuit tombante.

Je suis les préparatifs depuis le ponton, caméra à la main. Moments privilégiés à moi toute seule. J'hume l'instant. Sa fidèle équipe est là. Dans un premier temps, on vire les kilos supperflus... Oh, pas grand-chose, l'intérieur de "Médiatis Région Aquitaine" étant déjà tellement spartiate! Mais on sort un classeur à droite, une boite d'outils à gauche, un sac plein de bouts, un sac-poubelle plein de restes de notre brave Sté de consommation...

Dans un second temps l'équipe vérifie tout. Les écoutes sont lovées et réunies dans les cockpits. Les G.V sont prêtes à être hissées. Les winches parés de leurs manivelles...

  

Yves supervise l'action dans sa tenue de cosmonaute des mers, noire et fluo, un fluo qui fait flasher toutes mes photos.

Le Bombard avec ses deux gros 140 CV s'accroche à l'araignée prête à lâcher le ponton auquel elle s'agrippe encore. L'instant est sublime.... sous la lune toute ronde de Las Palmas. "Médiatis Région Aquitaine" s'écarte peu à peu pour gagner la sortie du port.

Dès que l'hydraplaneur est sous voiles, après le petit moment supplémentaire nécessaire pour voir si tout est OK, le Bombard se détache et l'équipe revient à terre. Elle s'arrête sur un des bateaux au mouillage plein de "punch", mais elle ne quitte pas le téléphone satellite des mains. On est tous heureux!

Rapidement chacun prendra son quart de nuit derrière l'ordinateur où régulièrement l'Extra-terrestre enverra ses messages.

"Médiatis Région Aquitaine" part se positionner à 500 milles au NW des îles Canaries. Rien à signaler dans les appels d'Yves qui paraît très satisfait des premières performances de son bateau.

Et puis c'est le drame! Ça c'est passé dans la nuit de dimanche, vers quatre heures du matin. Stéphane, qui est de quart, ne reçoit plus de position. C'est étrange... Ce n'est surtout pas normal!

Romaric, Papo, Stéphane, Benoît, les quatre fidèles " mousquetaires ", sont réveillés et en alerte. Après deux longues heures d'angoisse ils reçoivent enfin une position qui permet de localiser l'hydraplaneur. Il est... sur le dos!

Yves parait souffrir de côtes cassées. Un cargo s'est déjà dérouté pour le récupérer. Tout va bien dans le malheur. "Médiatis Région Aquitaine" est à l'envers, un mât brisé en trois parties... et des bobos plein les voiles. Ici, à terre, les équipiers ont des bleus plein l'âme!

Que s'est-il passé? Yves s'était déjà positionné et "Médiatis Région Aquitaine" filait à une trentaine de nœuds sur un océan de houle. Tout allait bien à bord.

Yves remplit un des ballasts pour stabiliser son "monstre"... quand une rafale arrive. Un peu plus forte... un peu plus vicieuse celle-là. Réflexe habituel: le skipper choque rapidement les voiles... pas assez peut-être? Et c'est ainsi qu'il retrouve jeté du flotteur babord au flotteur tribord douze mètres plus bas (c'est haut quand même !!!). Le bateau se met sur une coque... pour mieux se retourner après bien sûr. Yves ne peut pas atteindre et actionner la balise de Médiatis. Il utilise celle de secours qu'il a toujours sur lui.

Aujourd'hui je ne peux pas m'empêcher de sourire pour avoir entendu que celle-ci était dans une fausse molaire!!! Beh voyons... On lit beaucoup de B.D en France. Attention à ce que tu manges Yves!

Il a surtout pu entrer dans un des cockpits et récupérer son Iridium de secours. C'est comme ça qu'il peut "rassurer" (façon de parler!) son équipe à Las Palmas.

Les secours organisés arrivent rapidement. Un cargo dérouté est déjà dans la zone du naufrage. Il récupère notre "Extra-terrestre" qui appréciera la gentillesse de cet équipage philippin. Ils le ramènent d'abord en Espagne d'où il partira chez lui à Arcachon pour un passage obligé à l'hôpital. Diagnostic: deux vertèbres brisées et une côte dans le même état. Horreur, on enferme Yves Parlier dans un corset!!!

ET PENDANT CE TEMPS À LAS PALMAS de GRAN CANARIA...

Semaine éprouvante pour l'équipe qui organise la "récupération" de "Médiatis Région Aquitaine". Tout est bien compliqué quand des intérêts sont en jeu.

Les contacts sont établis auprès des compagnies de remorquage. Un nouveau membre un peu marsouin-interprète-démerd', Jean-Marc, intègre l'équipe qui ne le regrettera pas. Il connaît bien le coin, la mer et tout ce qui flotte.

  

Payé avec beaucoup de "zéros", un remorqueur finit par être affrêté. L'Iron Bull. Une "bulle de fer" avec un capitaine à la poigne d'enfer. L'équipage est performant. Ils partent.

Enomis et moi sommes investis de la garde de M'sieur Bombard et de ses deux 140 chevaux. 
On se met à couple.

Une soixantaine d'heures plus tard l'Iron Bull est sur "Médiatis Région Aquitaine" qui dérive bercé par une houle qui n'en finit pas.

  

La balise est restée active sur l'épave pour le repérage. Le pauvre, il a l'air pitoyable! La tristesse de l'équipage fait écho à la désolation de l'instant où ce fige ce petit point perdu au milieu de l'Atlantique.

Le retournement du bateau n'est pas chose facile et tout le monde se "mouille"! De plus, les conditions météo ne sont pas excellentes. La houle de plus de 3 mètres ne facilite pas les opérations. L'équipe travaille tout le week-end en essayant de limiter les dégâts. Le second mât s'est lui aussi brisé et les morceaux tapent allégrement dans une des coques. La partie arrière finit par plonger quand on fait entrer l'eau dans les coques et le bras de liaison.

Il faudra plusieurs essais avant que les câbles, les chaînes, les gueuses embarqués à bord de l'Iron Bull soulèvent l'épave et achèvent le retournement. "MédiatisRégion Aquitaine" se retourne enfin en faisant une cabriole coquine de 180 degrés.

La corvée des seaux à vider commence. C'est que le bateau s'est bien rempli en huit jours! Il faut faire tout à la main, l'affreuse houle ayant empêché d'embarquer la grosse pompe du l'Iron Bull.

  

L'équipe sauvera tout ce qu'il y a de récupérable. Les morceaux de mâts jonchent le pont du remorqueur. Les rails en alu n'ont pas aimé leur séjour forcé dans l'eau et dessinent de la dentelle... ils font une drôle de tête!

Le travail d'équipe continue et la fatigue marque tous les visages. Mais l'hydraplaneur est sur ses flotteurs et la satisfaction est bien réelle.

Opération réussie! L'Iron Bull traîne "Médiatis Région Aquitaine" vers Las Palmas. Doucement... il ne dépassera pas 10 nœuds pour revenir. A bord on se relaie pour les quarts... comme toujours!

Le RETOUR de "MÉDIATIS REGION AQUITAINE"
LAS PALMAS de GRAN CANARIA
Lundi 9 mai 2005

Yves Parlier est revenu aux îles Canaries... en avion. Il y a de la fatigue et de la déception sur son visage.

L'Extra-terrestre est là, droit dans son corset. Il vient soutenir ses équipiers dans ce retour non désiré. Il vient retrouver son "Médiatis Région Aquitaine"... et voir les dégâts.

Sa femme et ses enfants sont avec lui... Agathe son assistante aussi... et puis Laurence la femme de Stéphane, un de ses équipiers, et leurs enfants, et... et toute la "famille" Médiatis est là. Merveilleuse et solidaire équipe!

J'ai la chance de pouvoir embarquer sur le bateau de l'armateur de l'Iron Bull. Je peux aller à la rencontre du remorqueur et de "Médiatis Région Aquitaine". Il y a du vent et des vaguelettes qui moussent, la manœuvre d'entrée au port n'est pas facile!

Les annexes sont de sortie, on aide l'hydraplaneur quand il se détache du remorqueur. Sous soleil déclinant, le cliché est insolite. Yves n'a pas résisté au plaisir d'aller se faire secouer dans le "Bombard" pour approcher encore plus vite son gentil monstre. Ses vertèbres et sa côte doivent gémir sous son corset.

Isabelle, son épouse, vient de me dire avec de la douceur et de l'amour plein la voix: "C'est un sacré spécimen, il ne sait pas être raisonnable"! Qui ne l'avait pas compris?

  

"Médiatis Région Aquitaine" amorce l'entrée de la marina. Le ponton est tout près. Les annexes poussent sur bâbord et tribord.

Ponton 18, Las Palmas de Gran Canaria:

Le travail n'est pas fini pour l'équipe qui doit débarquer tout ce qui a pu être sauvé de l'épave avant le transport. Les navettes jusqu'au remorqueur resté en rade commencent. On fait flotter les morceaux des mâts pour les ramener à terre. Ils s'amoncellent sur le ponton.

Une coque porte la trace de la "bise" d'un des mâts. La structure des matériaux est bien visible dans les déchirures.

  

L'équipe termine une dernière inspection de "Médiatis Région Aquitaine" amarré à sa place de port. Il y dormira une quinzaine de jours.

L'hydraplaneur va être chargé sur un cargo pour regagner ses locaux à Larros près d'Arcachon. 
Il va être réparé, révisé, rénové... Yves vient de nous confier qu'il voulait être opérationnel pour la "Jacques Vabre". Ici personne n'en doute...

Yves Parlier est un battant et "Médiatis Région Aquitaine" porte le flambeau de cette nouvelle génération de bateaux qui peuvent aller toujours plus loin avec leur conception futuriste... et vaincre!

Yves, dans cette épopée canarienne, tu viens, une fois de plus, de nous donner une belle leçon de vaillance et de détermination... Et puis tu as su t'entourer d'une équipe formidable!

JEUDI 19 MAI 2005
CE SOIR C'EST LA SAINT YVES!

On se réunit souvent à bord chez les uns et les autres pour fêter notre "super-héros-navigateur".

Ce soir, une partie de sa fidèle équipe est là, et aussi les copains: Jean-Marc, Stéphane, Michaël, François, Annie et Michel, Jane, Sophie... et les autres...

J'ai mis des ballons partout, par moment ils explosent en "bing-bang". Toute simple et merveilleuse petite soirée de cockpit...

Au-dessus d'Enomis, au-dessus de nous, tout-là-haut, cette fois la lune n'est pas toute ronde... mais une jolie petite Vénus s'y accroche.

  

Yves me dédicace son "Robinson des mers". Et puis... et puis surtout... il me dessine son empreinte indélébile à l'intérieur, dans le carré. Pour moi c'est le plus merveilleux des cadeaux!

Tel l'homme, tel le navigateur, cette signature c'est tout plein d'énergie positive pour moi et Enomis... c'est tout plein de cette fameuse énergie mais aussi de ce rayonnement qu'Yves Parlier n'a de cesse d'émaner autour de lui.

- "Je me souviens... Tel l'écho qui se répercute après que le son se soit éteint." (S.Butler)

SAMEDI 21 MAI 2005

Dernières nouvelles: "Médiatis Région Aquitaine" vient d'embarquer sur un cargo, à l'image d'un voyageur tout à fait ordinaire. On le ramène vers la Péninsule d'où il sera acheminé vers son Aquitaine natale.

Sûr, la suite de l'histoire va bientôt arriver car il est loin d'avoir dit son dernier mot notre hydraplaneur des temps modernes!!!

Au revoir "Mediatis-Région-Aquitaine", à bientôt.
Bon vent les marins!
Merci, Yves.