Rivière
Portneuf:
accès et bref historique
par Joseph Soltész, mars 2003
LÂhistoire des chosesÂ
LÂentrée dans la Rivière Portneuf (entre Forrestville et Baie-Comeau) est lÂobjet dÂardentes discussions. Avec elles, le stress augmente sensiblement.
Ce quÂil faut retenir, cÂest le principe de lÂépi qui barre lÂentrée des fleuves et abers à sédimentation plus ou moins forte. En effet, de par le jeu des marées, il y a deux endroits où les sédiments se déposent : à lÂamont, à lÂendroit où la haute mer vient sÂarrêter deux fois par jour (ce point représente souvent la limite ultime de la navigation); à lÂaval, à la rencontre de la mer et de lÂeau douce; entre les deux, on trouve généralement un chenal, plus ou moins sinueux, mais généralement dégagé parce que constamment nettoyé par le jeu des marées.
Sans doute à cause de la force de Coriolis (qui dévie tout mouvement dans lÂhémisphère nord sur la droite), ce dépôt ne sÂeffectue jamais en ligne droite, en suivant linéairement le courant. Ã
Rivière Portneuf, il y a beaucoup de sédiments puisque les «falaises» de la région ne sont que dÂimmenses bancs de sable (provenant des moraines des derniers glaciers) recouvrant des croûtes de glaise (résultant de la sédimentation de la mer de Goldwaight après leur fonte) : il est facile de sÂimaginer tout ce qui dégringole dans la rivière à chaque fonte des neiges et après chaque orage! Dans de tels cas, les dépôts se font toujours en suivant un épi, qui ressemble toujours à un index crochi. Il suffit de trouver l«ongle» de ce doigt pour trouver lÂentrée du cours dÂeau. Ensuite, en sÂen tenant aux repères habituels (couleur de lÂeau, risées, clapots, etc.), le chenal est relativement facile à trouver, et donc à suivre. Le jour, bien sûr.
Or, à Rivière Portneuf, le chenal est balisé, et bien balisé! Dans la pratique, tout quillard dispose dÂau moins une heure avant et après la marée haute pour rentrer et les barques peuvent sÂy risquer pratiquement à tout moment. Mais ce nÂest que rendu dans la marina que vous apprendrez combien il y a réellement dÂeau grâce à un marégraphe : celui-ci indique toujours 50cm de plus que dans le chenal!
à défaut dÂexercice (entrer là prépare à sÂattaquer à tous les épis comparables de lÂAcadie, de lÂîle du Prince-Ãdouard et même des Ãles de la MadeleineÂ
), négocier lÂentrée de la
Rivière Portneuf vaut le coup pour le charme de lÂendroit.
Â
pour expliquer lÂhistoire des gens.
Certes, la petite marina est un peu loin du village et de la grande dune. Elle se trouve sur lÂun des quais de lÂancien traversier construit à lÂépoque héroïque de la Basse Côte
Nord. Pour vous rendre, si le dinghy est à lÂeau, traverser au quai en face.
Mais surtout, ne vous privez pas, à partir de là , de la marche sur la grande dune elle-même. Elle résulte des dépôts sédimentaires en quelques milliers dÂannée. Pour mesurer combien il sÂen dépose encore chaque année, il faut savoir que, comme toujours au Québec, lÂéglise a été construite à lÂemplacement du quai dÂorigine! Vous pourrez mesurer combien ils sont aujourdÂhui éloignés des zones sous eau à marée haute!
Mieux! Jusque dans les années 50, lÂextrémité ouest de la dune était marquée par un phare. Le gardien se rappelle encore avec nostalgie quÂil sÂy rendait faire son travail à barque en partant de ce quai aujourdÂhui complètement disparu.
Si vous avez de la chance, vous pourrez lui demander comment, après lÂabandon du phare, la maison du gardien a été transportée flottant sur lÂeau par lui et son frère jusque sur la terre ferme où elle se trouve encore aujourdÂhui.
Et avec plus de chance encore, au bout exténuant de la dune, vous pourrez retrouver les restes des fondations du phare lui-même.
Après une navigation exaltante avec une négociation serrée de lÂépi, une belle longue marche de nature sauvage battue par les vents du largeÂ
P. S. Un document préparé par lÂorganisme voué à lÂobservation des baleines dans la marina et disponible sur Internet, explique fort bien comment sÂy prendre pour rentrer dans la rivière.