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Baie St-Laurent

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Baie St-Laurent
"Une fort belle et grande baie, pleine d'îles..."
par Jean-Pierre Wilsey, mars 2003

"... nous trouvâmes une fort belle et grande baie, pleine d'îles et de bonnes entrées, et un ancrage pour tous les temps qu'il pourrait faire. Et pour reconnaître cette baie, il y a une grande île, comme un cap de terre, qui s'avance plus loin que les autres, et sur la terre, à environ deux lieues, il y a une montagne, faite comme un tas de blé. Nous nommâmes ladite baie la baie Saint-Laurent." 

Nous sommes le 9 août 1535, Jacques Cartier vient de découvrir un havre qui protègera ses navires des vents de toute direction. Cette pleine d'îles est aujourd'hui intégrée à la Réserve de parc national de l'Archipel-de-Mingan sur la Côte-Nord, à quelques kilomètres à l'est de la municipalité de Havre St-Pierre et à plus de mille kilomètres de Montréal. Elles se nomment île à la Chasse, île Sainte-Geneviève, île Saint-Charles...

Cette journée-là, le navigateur malouin voulait mettre à l'abri ses vaisseaux d'un vent du sud-ouest pour le moins musclé, comme il y a en tant sur le fleuve durant l'été. Il fuyait l'île d'Anticosti, peu propice aux mouillages et qui deviendra au cours des siècles suivants un véritable cimetière pour des dizaines de navires en perdition dans cette zone de brouillard et de brisants. Il en est à son deuxième voyage en Nouvelle-France, il cherche toujours la route vers l'ouest, vers les Indes! Mais entre-temps, les conditions de la mer l'obligent à séjourner quelques jours dans la baie Saint-Laurent, cette fort belle et grande baie, avec ses magnifiques monolithes de roches calcaires et ses oiseaux de mer .

Le 13 août 1535, "nous partîmes de ladite baie Saint-Laurent, et nous fîmes voile à l'ouest" et... c'est à ce moment que Cartier fut informé par "les deux sauvages que nous avions pris au premier voyage(...) qu'à deux journées commençait le royaume de Saguenay". Après les tergiversations du premier voyage où Cartier fut incapable de remonter le fleuve plus loin que Gaspé, il est maintenant un initié de ce sentier maritime grâce au savoir amérindien. Ce plan d'eau est un fleuve et il est possible d'y naviguer vers l'ouest. Il ira ainsi jusqu'à Hochelaga (qui deviendra plus tard Montréal). 

Laissons Cartier et retournons à la baie Saint-Laurent. Cette zone demeura pendant quelques siècles totalement inconnue. Jusqu'au jour où un certain Henri de Puyjalon se construisit une maison sur l'île à la Chasse, avec vue sur la mer à la fin du 19è siècle. Ce dernier, natif de France, immigra au Canada en 1872. Il vécut pendant 25 ans sur la Côte Nord où il fit oeuvre de géologue, de zoologiste et de protecteur de la faune. À cet effet, il rédigea quelques ouvrages sur la faune et les ressources naturelles. Pendant quelques années, il a même été le premier gardien du phare de l'île au Perroquet en Minganie. Personnage singulier, écologiste et amant du plein air avant l'heure, il a consacré une part importante de sa vie à la protection de la nature. Décédé en 1905 sur l'île à la Chasse, il fut inhumé près de ces fameux monolithes avec vue sur la mer, selon ses dernières volontés.

De nos jours, l'Île à la Chasse est accessible et il est possible d'y faire du camping sauvage, moyennant une autorisation de Parcs Canada. Ceux et celles qui le souhaitent, peuvent revivre des pans complets de l'histoire de cette zone en se rendant sur ce site en kayak de mer.