Au
pays d'Ulysse
1ère partie (escales 1, 2, 3 et 4)
par Yves Julien
La Grèce et les Cyclades sont pour beaucoup d'entre-nous un rêve à accomplir. Pour Voile Abordable, c'était notre deuxième flottille au pays d'Ulysse, mais pour moi c'était la première fois que j'y allais. Sur quatre équipages, deux partiraient aux mêmes dates alors que deux autres prévoyaient de faire le voyage juste après les premiers.
Nous avons loué les bateaux d'une compagnie bien établie en Europe dont nous sommes représentant canadien. Il s'agit de Kiriacoulis. Les bateaux sont de marque Bavaria.
Les deux premiers équipages ont fait connaissance quelques semaines avant de partir lors d'une soirée pré-embarquement organisée sur la rive sud de Montréal. C'est à cette soirée que furent planifiés différents aspects du voyage, comme l'itinéraire final et la logistique générale. Mais c'est aussi le moment privilégié de briser la glace et de mettre des visages sur les noms.
Dès notre arrivé en Grèce, les grecs nous avaient réservé une petite surprise. La grève générale des taxis venait d'être déclarée à 5 h AM! Pas moyen d'aller au port. On nous propose l'autobus (pas facile lorsqu'on parle pas le Grec) ou les limousines à 3 fois le prix des taxis! La plupart d'entre-nous prennent les limos mais quelques aventuriers décident de braver la foule et optent pour l'autobus. Qui l'aurait cru, nous sommes presque tous arrivés en même temps. Le transport en commun est très efficace à Athènes.
La balade jusqu'au port est agréable. Notre chauffeur avait pris la route qui longe la mer afin d'éviter le trafic de la ville. L'arrivé au port de Kalamaki fait peur. La marina est publique et aucune des compagnies des charters installées au port ne possède de véritable bureau d'accueil. Tous, y compris les plus réputés comme Moorings, n'ont pour bureau qu'une vielle roulotte de camping défraîchie par le soleil et le sable. Quelques tables à pique-nique sous des tentes rudimentaires nous servent de salle d'attente. On apprendra plus tard que c'est la ville qui refuse de leur vendent du terrain afin qu'il puissent construire des bâtiments. J'étouffe donc ma première réaction pour ne pas laisser transpirer mon inquiétude première devant mes amis. Moi qui suis habitué à l'accueil de "ti-punch" par mes fournisseurs des CaraïbesÂ
Je ne me laisse pas ébranler par cette apparence et je passe aux choses sérieuses. Les bateaux sont-ils prêts? Presque qu'on me répond en français! Ricardo est un jeune italien polyglotte qui nous parle avec un accent de France. Après tout, il n'est que 10 h et nos locations ne commencent officiellement qu'à 17 h. Il leur reste encore du temps pour préparer le bateau. En attendant on signe tous les papiers de formalités habituelles, dépose les dépôts de sécurité. Roland ne perds pas une minute, il découvre la bière locale! Tout le monde savoure son jus de houblon avec passion. Il fait plus de 25 C à l'ombreÂ
Pour passer le temps, je m'informe pour savoir où se trouve le magasin de pêche locale. Le manager de la base demande à un employé de m'y conduire. Quel service! Le jeune grec me fait la jasette. Il ne perds pas de temps à me renseigner sur son jeux favori, le "Maki" (je crois) qui consiste à séduire le plus de femmes possibles. Leurs proies favorites sont bien sûr les étrangères qui ignorent leurs intentions. Il m'explique une de ces techniques favorites. Je pouffe de rire en me disant qu'il ne pourrait même pas se taper une jument avec une telle approcheÂ
mais lui semble bien croire que c'est infaillible. Malgré ses élans machos, je le trouve bien sympathique. On arrive chez le marchand de pêche. J'ai besoin de filament et de nouveaux leurres. On discute de pêche, de technique et d'équipement. Ãvidemment tout le monde, y compris moi avons pris le plus gros poisson du monde. C'est trop drôle, c'est partout pareil les histoires de pêche. Bon je passe à la caisse. Curieux ça, mais c'est moins cher que ce qui est annoncé. En fait je ne vois que le prix du leurre. Je lui fait remarqué. Il me répond que le fil et les émerillons ne coûte rien et qu'il me les donneÂ
En plus je n'avais pas de petite coupure sur moi et lui pas de change dans sa caisse. Le jeune Grecque, qui m'accompagnait, lui donna de l'argent en me demandant de le rembourser plus tard. Wow, c'est pas mal gentilÂ
Je connais plus d'une place chez-nous qui m'aurait envoyé paîtreÂ
De retour à la marina on nous invite à monter à bord des bateaux, un Bavaria 42' pour l'équipage à Claude et un 50 pour le notre. Une autre bonne surprise nous attend. Les bateaux sont propres, beaux et en bon état de marche. L'équipement est sommaire mais conforme. On fait le "check-in" qui consiste à faire le tour de l'inventaire du bateau et prendre conscience de l'emplacement des équipements. Je détecte un petit problème électrique avec le moteur. Pas de problème me dis Ricardo. L'électricien est envoyé et le problème résolu en quelques minutes. Rien d'autre à signaler. Il est maintenant 14 h et Ricardo m'informe que je peux partir si je veux!!! C'est une autre surprise ça! D'habitude, les compagnies de charter veulent qu'on reste à quai la première journée histoire de s'accoutumer au bateau et la place. Si ce n'était pas du décalage horaire qui commençait à se faire sentir et de l'approvisionnement qui n'est pas terminé, j'aurais décollé, mais ma cabine me réclamait pour une petite sieste! "Capi va aller faire un petit roupillon et on verra ça après". Je ne suis pas le seul à opter pour cette optionÂ
Au réveil on analyse les cartes nautiques et on opte tous de passer la nuit à quai puisque le premier ancrage est assez loin et la tombé du jour approche. Sage décision car on découvre un problèmes sur le 42 que les gens de la base s'empresseront de régler à notre satisfaction. Tout le monde est heureux et nous voilà en route. Finalement, malgré les apparences du port, le service chez le loueur s'avère des plus professionnel et recommandable à 100%. On découvrira plus tard que la majorité des ports des îles sont également sans prétention et loin de la tendance huppée d'Amérique ou d'autres pays industrialisés d'Europe. C'est un plus en ce qui me concerne. Amarrer en Grèce ne coûte rien ou presque rien et un quai c'est un quai après tout!
Première escale: Baie de Sounion.
à l'extrême sud de la péninsule d'Athènes se trouve le temple de Poséidon. La vénération du dieu de la mer oblige avant de partir à la conquêtes de ses eauxÂ
Une agréable marche jusqu'au sommet du pic où se trouve le temple. De là on a un superbe point de vue pour admirer les premières îles des Cyclades. En soirée les deux équipages se retrouveront dans un charmant petit bistro sur le bord de l'eau. Le serveur qui parle français nous propose un petit tour des cuisines afin de voir sa dorade et autres poissons du jour. Pauvre lui, 18 bruyants québécois très heureux de leur première escale, festoierons jusqu'à tard dans la nuit. Malgré le repas copieux, les entrées, les ouzos, le vin etc., on paye moins de 15 euros chacun. D'ailleurs, durant tout le voyage les déboursés de restaurant oscillaient toujours entre 12 et 15 euro/personne, alors pourquoi cuisiner!? On décide alors de prendre la majorité des repas du soir, à terre.
Deuxième escale: Kithnos
En route vers Kithnos. Toujours avec peu de vent sur la mer. On roule à voile et à moteur vers une petite baie à l'ouest de l'île bien protégée de l'infâme melthem (vent turc du nord). La soirée précédente on avait décidé de se lever très tôt ±5 h parce que la route à faire serait longue jusqu'à Siros si le vent n'était toujours pas au rendez-vous. L'ancrage choisi s'avère judicieux car le melthem s'était levé dans la nuit sans que la brise ne souffle dans notre baie. Ce n'est qu'une fois que nous avions tourné le cap qu'on voyait bien que la journée s'annonçait sportive!
Troisième escale: Siros
C'est le baptême de la mer pour plusieurs. Notre première vraie journée de voile fut vraiment exaltante. Avec des rafales entre 25 et 30 nÂuds de vent on fit un cap serré jusqu'à Siros. Notre vitesse moyenne était de 8 nÂuds malgré notre cap au près serré. à cette vitesse, on a rejoint le port d'Ermopoulis en avant midi. Amarrés en plein centre ville a ses avantages, nous étions à portée de tout. Ãric et moi avions loué un scooter pour filer sur les rues de la petite capitale, pendant que les autres couraient le café Internet ou escaladaient la colline qui surplombait la ville, pour voir l'église à son sommet. Le soir on se retrouvait dans un café local pour se raconter nos découvertes respectives.
Quatrième escale: Delos et Mikonos
Le melthem soufflait de plus belle, avec des rafales à 37 nÂuds. Armés de nos "kleenex" en guide de voiles, on se rendit en moins de deux jusqu'à Delos et Mikonos. Delos est l'ancienne capitale des Cyclades au temps de la Grèce antique. On y retrouve des ruines de plus de mille ans qui furent mises à jour par des français au siècle dernier. Mikonos, est réputée pour être l'île "jet-set" de l'Europe. La plupart des guides touristiques l'accusent d'être très chère. Pour nous, qui voyageons en hôtel flottant, la différence de coût ne nous apparaît pas évidente. Les repas sont pratiquement le même prix qu'ailleurs ainsi que les services habituels (taxi, excursions etc.). Les ruelles de Mykonos forment un véritable labyrinthe. On s'y prend à tourner en rond plus d'une fois. Mikonos est très vivante. Le soir, tous les habitants illuminent leurs boutiques pour mettre en valeur leurs marchandises. J'avais l'impression de me promener dans un Walt Disney World version grecque! à ne pas manquer même si vous n'êtes pas du genre boutiqueÂ
De toute façon, personne ne vous oblige à gaspiller votre argent, mais Mikonos est une bonne place pour se procurer des souvenirs.