Construction d'une table de cockpit
par Antoine Rose, mars 2007
Au terme dÂune belle journée de voile, quoi de plus agréable que de
pouvoir prendre lÂapéro et souper dans le cockpit. Mais voilà , les tables
à fixer sur lÂarceau dÂune barre à roue sont fort chères et je trouve que
lÂapparence de la plupart me rappelle trop le contreplaqué. Si vous avez
un peu dÂoutillage, que diriez-vous dÂen fabriquer une à moitié prix.
Voilà un joli projet pour lÂhiver. Vous avez besoin dÂune toupie montée
sur une table, dÂune scie, dÂune ponceuse (à bande de préférence), dÂun
rabot et de ciseaux à bois. Pour le bois, il vous faut deux planches du
bois de votre choix de 8 pieds par 6 pouces de largeur (un pouce
dÂépaisseur). Les dimensions sont nominales. Vous obtenez donc des
planches dont la largeur réelle est de 5 pouces et demi et lÂépaisseur de
¾.
La table que je vous propose est fabriquée en acajou et comporte une
rose des vents incrustée en son centre. Un battant de chaque côté permet
dÂobtenir une table à géométrie variable avec une position apéro et une
position repas. Le coût total sÂélève à 150$, montant auquel il faut
ajouter les fixations sur lÂarceau de la barre à roue. La table ouverte
mesure 26 pouces de longueur par 28 pouces de largeur. Les battants ont
exactement 7 pouces de largeur et se replient sur le centre.
Première étape, fabrication du panneau. Celui-ci est constitué de cinq
planches assemblées ensemble avec languettes. Le tout est entouré dÂun
cadre de 2 pouces dont les angles sont à 45 degrés. Pour ajouter une
touche de contraste jÂai inséré entre le panneau et le cadre une languette
de ¼ pouce en padouk, un bois de couleur rouge sang. Le panneau principal
est constitué de 5 planches dÂacajou de 23 pouces de longueur par 5 pouces
et demi de largeur (épaisseur ¾). LÂassemblage est fait avec des
languettes. Les trois planches du milieu devront avoir une largeur finale
de 14 pouces une fois assemblée. Cela veut dire que les planches de 5
pouces et demi seront trop larges. Ãa tombe bien, vous pouvez prélever
dans celle du milieu les trois baguettes de ¼ de pouce dÂépaisseur dont
vous avez besoin. Au préalable, tournez vos 5 planches de tous bords et
tous côtés pour marier au mieux des fils du bois et obtenir un assemblage
agréable à lÂÂil. Réduisez la largeur de la planche du milieu en sciant
des épaisseurs de 1/4" (ou moins) jusquÂà ce que les trois planches du
centres donnent 14 pouces de largeur. Il suffit ensuite de faire des
rainures dÂune largeur dÂun quart de pouce dans les chants de planches et
de coller ensuite à lÂépoxy avec les languettes. Les deux planches
extérieures sont simplement collées. Les languettes ne sont pas
nécessaires. Pourquoi? Parce quÂune fois le plateau complété, lors du
sciage des deux battants, les traits de scie passeront exactement sur la
jonction entre deux planches.
Le plateau ainsi obtenu est légèrement plus grand que nécessaire et
doit être ramené aux dimensions 22 ½ par 24 ½. La demi servira à former
une languette tout autour du plateau pour fixer le cadre de 2 pouces. Avec
la toupie, on fabrique la languette et la rainure dans le les montants du
cadre. Le plus difficile est de réussir les angles des coins à 45 degrés.
Une scie à onglet est un outil précieux pour ça. Pour insérer une
languette de bois de couleur différente, il suffit de faire une rainure
supplémentaire dÂun quart de pouce sur le pourtour du plateau. Avec le
cadre collé à lÂépoxy, la table est construite. Si vous ne voulez pas
dÂautres décorations vous pouvez alors sciez les battants latéraux. Les
deux battants ont une largeur de 7 pouces et le plateau central est de 14
pouces. Les deux battants repliés recouvrent donc complètement le plateau
central.
Pour les charnières, vous avez le choix entre des charnières
conventionnelles, de charnières pour piano ou des charnières spéciales
pour tables à abattants. CÂest dernières doivent cependant être encastrées
dans la table avec un bon travail au ciseau à bois. Le résultat est
cependant très réussi.
Tant pour solidifier les abattants lorsque ouverts et pour améliorer
lÂesthétique tout rendant un service utile, jÂai installé des fargues sur
les abattants et sur le plateau central (dessous). Ainsi, la surface
dÂappui des abattants est plus grande et ceux-ci forcent moins sur les
charnières. Les fargues sont simplement constituées de baguettes carrées
de ¾ dont un des côtés est coupés à angle de 15 degré pour briser lÂeffet
« carré ». Les fargues sont collées et vissées avec des vis cachées par
des bouchons de bois.
Rose des vents
D'abord le plan, tracez un cercle du diamètre voulu pour la rose des
vents. Divisez le cercle en huit pour obtenir les pointes des points
cardinaux et intermédiaires. Tracez ensuite les pointes avec à l'esprit
deux choses: obtenir un effet dont l'esthétique soit plaisante et, avoir
des angles assez facile à travailler (du genre 30, 45 ou 60 degrés...).
Les grands triangles sont pour les points cardinaux, les petits pour les
intermédiaires (NE, SE, SW, NW). Prend les mesures des angles sur le plan
ou bien découpez un petit et un grand triangle.
Dans des planchettes de bois contrasté de 1/4", découpez quatre grands
triangles et quatre petits dans un des bois et la même chose dans une
autre essence de bois. J'ai choisi pour ma table du padauk et de
lÂamarante (rouge brique et violet sur fond acajou). Il va de soi que les
triangles doivent être identiques en dimensions (les petits et les
grands). Assemblez-les en étoile et constatez qu'il faudra ajuster avec la
ponceuse pour obtenir un assemblage le plus parfait possible. Collez Ã
l'époxy 5 minutes pour assembler les triangles sur un morceau de papier
ciré ou de pellicule plastique. Faites la finition pour s'assurer que les
angles soient nets et qu'ils ne contiennent pas de traces de colle.
La rose des vents est maintenant construite, il reste à l'encastrer. Il
suffit de la déposer, centrée à l'endroit voulu et de la fixer pour
qu'elle ne puisse pas bouger pendant le traçage au crayon bien affûté du
pourtour de la rose sur la table. Lors du traçage de la rose sur la table,
attention de faire pointer le nord de la rose au bon endroit. Opération
suivante: on enlève la rose et on repasse avec un couteau bien affûté sur
chacune des lignes avec une règle fixée avec des serres pour ne pas
bouger. Mettez la règle à l'extérieur des lignes. Si le couteau part de
travers, ce sera au moins vers l'intérieur de la rose, donc du bois appelé
à disparaître.
On creuse l'intérieur de la rose à la toupie avec une mèche de 1/4"
réglée à une profondeur moindre que l'épaisseur de la rose (3/16" pour une
rose de 1/4" d'épaisseur). On peut s'approcher très près de lignes de
côté, le traçage au couteau sert à empêcher des éclats de se former.
N'approchez pas trop des pointes qu'il est préférable de finir au ciseau.
Faites le centre en premier. Une toupie avec une très large base est ici
plus stable. Il faut enfin jouer du ciseau à bois jusqu'à ce que la rose
consente à entrer dans son logement de façon un peu serrée.
On met de la colle et on insère la rose dans son logement en tapant
doucement avec un maillet en bois ou en intercalant une retaille de bois,
du centre vers les bords. Si la colle sort par les côtés, ne l'essuyez
pas, ça part plus facilement au ciseau lorsquÂelle est sèche. Si vous
l'essuyez, celle-ci ira dans les pores du bois et vous réservera des
surprises lorsque vous ferez la finition.
On arase ce qui dépasse de la rose au rabot électrique pour commencer
et à la ponceuse à bande. Finition selon vos goûts.
Fixation
près mÂêtre creusé la tête sur la façon de fabriquer une fixation pour
la table, jÂai trouvé mon bonheur et des strapontins chez un marchand
français de quincaillerie traditionnelle pour la marine (http://www.generalmarine.fr/Catalog2006/pa14.htm).